Si les quatre premiers albums de Saga représentent aux yeux de la majorité des amateurs, la quintessence de ce que le groupe aura produit dans sa longue carrière (excepté le futur Ovni Generation 13), Heads Or Tales reste un album injustement oublié dans le lot. Sorti juste après le formidable Worlds Apart, ce disque aura probablement souffert d'un manque d'envie des auditeurs, gavés jusqu'à plus soif par le rythme effréné de publication du groupe (cinq albums et un live en cinq années d'existence). Et pourtant, cette nouvelle production des Canadiens présente une nouvelle fois neuf titres de toute beauté, et quasiment autant de hits en puissance.
Dès l'entame, The Flyer entraîne les oreilles avec une mélodie imparable, Michael Sadler étant une nouvelle fois soutenu vigoureusement par une section rythmique en béton, tandis que les riffs de Ian Crichton viennent se poser comme autant de flèches venimeuses, le tout soutenu par des claviers de plus en plus modernes. Titres souvent directs et sans fioriture, les plages s'égrènent les unes après les autres, posant des refrains tous plus incontournables les uns que les autres, avec toutefois une présence moindre des fameux breaks progressifs que l'on trouvait de façon quasi-systématique sur les précédents albums. Il n'empêche, The Sound Of Strangers ou encore l'incontournable Scratching The Surface restent bien dans la veine progressive de leurs prédécesseurs, tandis que Social Orphan, et ses claviers enjoués, parvient en un peu plus de trois minutes à faire décoller votre serviteur vers les hautes sphères du plaisir musical.
Disposant des mêmes ingrédients que les albums l'ayant précédé, Heads Or Tales présente en outre un son beaucoup plus moderne et agressif que son aîné d'à peine un an. Sorti du contexte décrit en introduction de cette chronique, il reste une superbe réussite artistique … et un nouvel album hautement recommandé.