En 2007, Shearwater avait accouché d’un album folk-rock véritablement bouleversant, d’une sensibilité à fleur de peau. Un de ces chef-d’œuvres dont on sait très vite qu’il vous suivra toute la vie. Mené d’une voix de tête par Jonathan Meiburg, le combo originaire d’Austin au Texas s’était fait l’interprète d’une relecture de l’invitation au voyage, le songe d’un jour d’été esquissant le vol de ces oiseaux qu’ils semblent tant aimer (Meiburg étant d’ailleurs diplômé d’ornithologie).
Avec "The Golden Archipelago" le rêve continue. Et si la couverture a changé, l’histoire de ce nouveau chapitre reste sensiblement la même, ou au moins fait preuve d’une vraie continuité. Une même trame implique dans ce cas un même plaisir, car se retrouve ce talent pour l’écriture raffinée de récits aux orchestrations organiques, sans fard.
Cette nouvelle oeuvre naturaliste s’étend donc, comme lors des anciens opus, entre sentiments presque susurrés d’une extrême délicatesse ("Meridian", "Missing Islands") et moments plus allègres ("Black Eyes", "Corridors", "Runners Of The Sun") ou atmosphériques ("Landscape At Speed", "Hidden Lakes"), mais s’avère toujours gorgée d’une formidable intensité émotionnelle à l’image du sublime "God Made Me".
Derrière son piano ou sa guitare, Meiburg reste comme à son habitude lunatique, alternant les mélopées fragiles aux proclamations plus impérieuses. Parfois intimiste voire minimaliste, le jeu des instruments peut de son côté prendre de temps à autre des chemins plus électriques comme pour déclamer plus haut son message.
En tant qu’observateur et amoureux de la nature sauvage, qualité rendue possible grâce à ses nombreux voyages à travers le monde, c’est avec autant de ferveur que Meiburg retranscrit dans ses textes les atmosphères sereines et fascinantes des lieux retirés. La musique se drape de ce fait de ces ambiances majestueuses. Elle s’ennoblit par son mimétisme.
Au final, s’imprégner de ce "The Golden Archipelago", c’est un peu vivre des sensations déjà rencontrées avec "Rook", des sensations qui vont bien au-delà de la musique elle-même. Shearwater réussi à transporter aussi loin que ses précédentes expéditions, au milieu d’un archipel doré, théâtre de la vie dans son plus simple et bel aspect. Une pure merveille.