Martin Orford n'est pas un inconnu, en tout cas, il ne devrait pas l'être, puisque ce claviériste fut membre de The Lens, collabora à certains albums de John Wetton, fonda IQ, dont il reste l'élément le plus créatif, et participe au groupe Jadis.
Martin a du réunir des créations éparses pour parvenir à boucler un album solo qui est donc tout ce qu'on veut sauf conceptuel. La dizaine de titres proposés ici va du néo prog le plus traditionnel sensibilité IQ ou Jadis, au classique à la Rachmaninov en passant par le prog FM style Asia. Les dates d'écriture sont aussi très variables et peuvent remonter à 25 ans.
Cette collection d'objets plus ou moins âgés, interprétés par de multiple musiciens (presque tous issus de IQ ou de Jadis), pourraient laisser penser que nous avons affaire à du réchauffé commercial bâti sur des invendus. Et bien, si c'était là les déchets de la création de Martin Orford, j'attendrais l'œuvre avec encore plus d'impatience !
A part "The Picnic" qui fut une gageure pour Martin, puisque c'est une création à la guitare acoustique qu'il interprète lui-même, et qui reste léger bien qu'agréable, les morceaux sont plutôt riches. Je prendrai l'exemple de "The Overload", chanté par Peter Nicholls, qui est un surplus de Subterranea et qui aurait mérité de figurer sur cet excellent double album tant ce titre est magnifique.
Le titre "Tatras" est une illustration des qualités de claviériste de Martin. Véritable petit concerto pour piano et orchestre (synthétique) qui ferait pâlir d'envie un Wakeman ou un Vangelis et digne des compositeurs classiques romantiques. Il débute sur des cascades pianistiques rappelant "My Baby Treats Me..." de Tales from the Lush Attic.
A noter que Martin chante sur 4 des 5 titres non instrumentaux et il a une voix tout à fait agréable. A noter également que ce touche à tout joue les parties de flûtes comme dans la plaisante intro de "The Field of Fallen Angels", du Jadis pur jus !
En conclusion, cet album n'a pas d'unité de style et se présente plus comme un "best of" Martin Orford mais on se laisse agréablement entraîner dans son monde musical varié. On se prend à apprécier autant les titres courts et légers que les pièces les plus puissantes. Amateurs de super productions forgées sur des concepts en béton passez votre chemin, ce disque circule des oreilles vers le cœur sans passer par le cerveau.