Si Mötley Crüe a frappé un grand coup avec son premier album "Too Fast For Love", que dire de son successeur "Shout At The Devil" ? Qu'il marquera l'histoire du Hard-Rock au fer rouge, à n'en pas douter. "Too Fast For Love" bousculait tout sur son passage, que cela soit avec son énergie punkisante, ses tenues outrancières ou son attitude 'sex, drug & rock'n'roll', mais il souffrait également de nombreuses approximations musicales. Avec ce nouvel opus, Nikki Sixx et sa bande prouvent qu'ils sont désormais parfaitement en place, et si la provocation est toujours de rigueur, que cela soit au niveau de l'imagerie ou des paroles, Mötley Crüe est à présent un groupe ayant trouvé équilibre et maturité.
Le son est à la fois lourd et agressif, et les morceaux vont droit au but, sans s'encombrer de fioritures. Et si "In The Biginning" et "God Bless The Children Of The Beast" peuvent faire figure d'Ovnis, le premier remplit parfaitement son rôle d'introduction nous plongeant directement dans l'ambiance sombre de l'ensemble, alors que le second fait office de respiration après la série de titres le précédant qui nous a laissés groggy, tel un boxeur victime d'une série de coup directs. Il faut dire que "Shout At The Devil", "Looks That Kill" sont de véritables hymnes assénés avec lourdeurs et refrains scandés, alors que "Bastard", cinglant et rapide, annihile toute forme de résistance.
Tommy Lee fait la démonstration de tout son talent, alternant frappe lourde et rafales de mitraillette, alors que Nikki Sixx maltraite ses 4 cordes pour donner toute sa puissance à chaque titre. Mick Mars aligne riffs tranchants ou obsédants, et soli cinglants, prouvant au passage qu'il est loin d'être un manchot et qu'il a probablement été sous-estimé. Enfin, Vince Neil nous sert ce chant toujours aussi particulier mais désormais indispensable au style du combo.
Chaque titre est un hymne en puissance, du rapide et punkisant "Red Hot", au claquant "Knock'Em Dead, Kid" relatant un accrochage du groupe avec les forces de police, en passant par le lourd et obsédant "Too Young To Fall In Love". Le quatuor offre même une surdose vitaminée au "Helter Skelter" des Beatles au passage, alors que "Danger" apporte sa mélodie pour permettre à l'ensemble de se poser avec un peu plus de délicatesse après nous avoir tant malmenés pour notre plus grand plaisir, avouons-le.
Mötley Crüe frappe donc un grand coup avec ce "Shout At The Devil" et il s'impose comme le leader incontournable du mouvement Hard-Glam qui secoue toute la Californie. Concentrés avec efficacité sur à peine plus de 35 minutes, la plupart des titres composant cet album s'inscriront dans la setlist du groupe en tant qu'incontournables que le public attendra de scander à tue-tête avec impatience. Une légende est née et elle va faire parler d'elle bien au-delà du milieu musical !