« The Alice COOPER Show » est peut-être le seul témoignage scénique officiel d’Alice COOPER sur ce que l’on considère comme étant sa période classique (qui se termine pour certains en 1974 et pour d’autres justement en 1977)
Pourquoi peut-être ?
Parce qu’il subsiste un doute sur le fait que ce disque soit réellement un album live et non un enregistrement studio « habilement » re-travaillé. Le fait qu’aucune date ou lieu ne soit mentionné sur le disque et que le principal intéressé était alors trop imprégné d’alcool pour conserver le moindre souvenir de cette époque renforce ce doute.
Les partisans de la thèse de l’album live considèrent que celui-ci a été enregistré à l’hôtel Aladdin de Las Vegas le 19 et 20 août 1997, durant le « The King Of The Silver Screen Tour » qui faisait suite à l’album « Lace & Whiskey ». Pour les autres, Alice COOPER n’était tout simplement physiquement et mentalement pas capable à cette époque de produire un show digne d’être enregistré.
Au-delà de cette polémique, ce qui marque le plus de prime abord est la durée de l’album : moins de 40 minutes !
Même si nous n’étions pas encore à l’ère du Cd, cela fait bien court pour un album live. Et pour cause, l’impasse a été faite sur plusieurs titres interprétés durant cette tournée, « King Of The Silver Screen », « Lace & Whiskey » et « It's Hot Tonight » par exemple. Par ailleurs, plusieurs classiques sont absents à l’image de « Elected », « No More Mr. Nice Guy » ou bien « Welcome To My Nightmare ». De plus, certains titres sont présentés dans des versions assez courtes. Ainsi « Under My Wheels » est-elle amputée de plus de 16% de sa durée originale, alors que « You And Me » est elle réduite d’un tiers de sa durée initiale. Les mauvaises langues arguaient que le groupe se dépêchait alors d’expédier les morceaux pour pouvoir s’enfiler du Whiskey le plus fréquemment possible…
La seconde réflexion qu’inspire « The Alice COOPER Show » concerne l’ambiance très soft de l’album.
Les titres sont présentés dans des versions bien plus calmes, qui incorporent de nombreuses interventions au piano.
Alice COOPER est alors en pleine période « balades », aux travers desquelles il cherche à se concilier à nouveau le public de manière massive. Cela se ressent au travers des trois qu’il parvient à caser ici (« Only Women Bleed », « You And Me », « I Never Cry ». Le résultat est assez surprenant mais il a l’avantage de présenter ces titres dans des versions originales et bien souvent intéressantes. Ainsi « I’m Eighteen » bénéficie t-il d’un lifting complet incluant l’ajout de nouvelles paroles, d’un piano aux sonorités métalliques, d’une ambiance jazzy et d’un allongement de sa durée.
Si Alice ne se montre pas toujours à son meilleur niveau en termes de chant (il bâcle même carrément les paroles du pourtant excellent « Devil's Food / The Black Widow »), le fait qu’il opère dans un registre assez posé, lui permet de faire illusion de manière très honorable, comme c’est le cas sur la très belle balade « You And Me ».
Reste un medley « I Love The Dead / Go To Hell / Wish You Were Here » qui propulse l’auditeur dans les hautes sphères du bonheur. Après une première partie durant laquelle Alice COOPER se montre inquiétant et glacial à souhait, « Go To Hell » déboule en une version ultra énergique qui prend fin avec quelques mesures de « WIsh ou Were Here » : un régal.
Mais comme on le voit, le bilan est assez contrasté. Si le caractère très rare de ce témoignage et l’effort d’adaptation de nombre de titres est très louable, il est difficile d'ignorer qu’en termes de quantité, le compte n’y est pas et que l’aspect visuel si important dans un show d’Alice COOPER fait également ici cruellement défaut.
Par ailleurs, la qualité du son n’est pas non plus exempte de défaut. Et l’on est en droit de se demander, pourquoi, à l’heure où les maisons de disques sortent d’anciennes bandes live avec une facilité déconcertante, elles n’ont pas été à même de sortir un album live réellement convaincant, retraçant cette période de la carrière d’Alice COOPER. Je pense que la réponse est assez simple, « The Alice COOPER Show » est une très bonne présentation de ce qu’Alice COOPER était alors capable de produire sur scène.
Un disque plein de charme donc, mais à ne conseiller qu’aux fans.
Les autres n’y verront qu’un bootleg assez dispensable.