Originaire des Etats-Unis, Aaron English évolue dans un registre à la fois séduisant et dangereux : le rock néo-progressif. Séduisant car c'est un mouvement qui, par sa diversité et sa facilité d'accès, attire un grand nombre de mélomanes, mais dangereux car tellement rabâché qu'il est difficile de sortir du lot. Aaron English fait-il partie de ces nombreuses étoiles filantes dont on n'entend plus parler après un ou deux ans de carrière ? Rien n'est moins sûr.
Il est tout de suite évident dès la première écoute que si l'on recherche de la surprise et de l'originalité, ce n'est pas ce premier album qui va satisfaire nos envies : des compositions courtes, immédiatement assimilables et mémorisables, aucune expérience audacieuse, aucune démonstration technique, pas de double pédale ni de solo de guitare à faire déprimer tous les guitaristes amateurs de la planète. Non, rien de tout cela. Mais quelque chose de tout aussi important : la talent et l'inspiration.
"All The Waters Of This World" démarre l'album en fanfare avec "Sea Of Nectar" aux harmonies hispanisantes et au refrain original. Le folk est très présent dans une grande majorité des titres avec par exemple des harmonies orientales chères au rock progressif qui soutiennent "Ghost Is Broken" et "Mandeleine". L'émotion qui se dégage de "Lullaby" est palpable, grâce tout particulièrement à cette voix féminine discrète mais efficace qui donne un dernier moment de répit avant le délire techno et néanmoins génial qui clôt ces 50 minutes de bonheur.
Evidemment, pour peu qu'on soit un peu exigeant, on sera loin de crier au génie et effectivement il n'y a rien de spécialement fantastique chez cet artiste. Mais si on ne s'intéressait qu'aux purs génies, notre discothèque ne contiendrait après tout pas plus d'une dizaine d'albums. Ce premier album est simplement un excellent début qui permet de voir en Aaron English un potentiel certain.