C’est plus de trois ans après l’immense succès de "Future World" que les Danois de Pretty Maids relancent leur machine pour proposer leur troisième album studio, respectant ainsi un rythme régulier mais assez lent dans un milieu où les modes et les groupes filent très vite. "Future World" avait confirmé le potentiel du groupe et avait été un succès critique et commercial, permettant qu’une longue et large tournée suive sa sortie. "Jump The Gun" voit donc le jour après que le groupe se soit octroyé un repos assez conséquent, alors que le line-up voit l'arrivée d’un deuxième guitariste, Ricky Marx.
Pour ce nouvel album, le groupe a fait appel à Roger Glover, le bassiste de Deep Purple, pour assurer la production, et cela va franchement se ressentir au niveau du son et du style musical.
En effet le heavy métal mélodique de la bande achève une mutation, déjà ressentie avec "Future World", en hard rock teinté de pop et au son très lisse à la fois puissant et travaillé, assez FM dans l’esprit et qui porte bien le sceau de son producteur. Le tout met logiquement les claviers encore plus à l’honneur, ainsi que les refrains faciles et les chœurs dans une veine franchement commerciale La puissance n’a certes pas été mise de côté et les guitares restent tranchantes, mais on sent clairement que Pretty Maids cherche à élargir son audience en se faisant plus charmeur, accentuant son aspect pop et accrocheur. Ainsi, les vocalises agressives de Ronnie Atkins ont pratiquement disparues au profit d’un chant plus clair mais toujours de grande classe et très mélodique.
Malgré tout le résultat est de bonne qualité. "Jump The Gun" est un disque qu’il faut en grande partie réhabiliter et sortir de l’oubli. Il n’a certes pas la classe et l’efficacité de ses deux prédécesseurs mais il contient son lot de bons titres. Ainsi, tout le début de l’album est gorgé de tubes en puissances, de "Lethal Heroes" à "Rock The House" en passant par "Don’t Settle For Less", Pretty Maids signe des véritables bombes de hard rock mélodique avec soli efficaces, mélodie ultra présente et facile à retenir, et chant au sommet. L’alchimie entre claviers et guitares, et refrains et mélodies instantanées, se fait très facilement ,et il est difficile de résister aux refrains. "Don’t Settle For Less" se montre clairement comme la plus commerciale du lot avec ses passages calmes et son ton général très calibré radio.
Par la suite, après une ballade classique du genre mais efficace ("Savage Heart"), on perd un peu en intensité alors que la plupart des titres semblent sortis du même moule, réussis mais se ressemblant tous. De "Young Blood" à "Headlines", en passant par "Jump The Gun" ou "Over And Out", nous avons affaire à des titres très calibrés hard FM, le tout manquant un peu de la personnalité du groupe, même si le groupe maîtrise bien sa musique. Il faut attendre "Attention" pour retrouver un très bon niveau, avec ce titre particulièrement réussi, doté d'un riff d’entrée heavy à la Maiden, avec un ton général plus puissant que sur le reste du disque. Il y a également la très bon reprise d’Icon, "Hang Tough", très hard rock dans l’esprit, entre Uriah Heep et Deep Purpl,e et Pretty Maids se montre très à l’aise dans ce style musical. Enfin, nous retiendrons le titre final, "Dream On", pour son aspect un peu décalé, entre hard-rock et country, et sur lequel Roger Glover vient prêter main forte à la basse.
Ce "Jump The Gun" restera donc un album plus mineur pour Pretty Maids, mais malgré tout, de bonne qualité et gorgé de bons titres et de mélodies imparables. S'il ne rencontrera pas un immense succès, le public et les médias ayant du mal avec la couleur FM de l’ensemble, il est pourtant un bon cru qui mérite d’être redécouvert.