Avec "Flush The Fashion" débute la période la plus trouble, du point de vue artistique, d’Alice Cooper. Après un "From The Inside" bourré de qualités mais commercialement très décevant, le groupe opère un profond changement d’orientation musicale. Terminées les ambiances intimistes et les musiques pompeuses, Alice décide de prendre en marche le train de la dernière mode du moment (la New-Wave), en se lançant dans une tentative assez pathétique de modernisation de sa musique.
A l’image du relookage de son nom qui devient Alice Cooper’80 sur la pochette de ce disque (comme pour s’auto-convaincre qu’il est toujours d’actualité ?), il incorpore de larges louches de synthétiseurs dans ses compositions et raccourcit considérablement la durée des titres (la moyenne est proche de 2 minutes 50), dans l’espoir de les voir diffuser en radio. Alice semble, cette fois-ci, vraiment au bout du rouleau et ne plus savoir que faire pour relancer sa carrière.
Il fait alors appel à Roy Thomas Baker, producteur du dernier album du groupe The Cars qui, oh surprise, vient tout juste d'atteindre la 3ème position des charts US (décidément, ce philanthrope d’Alice ne nous déçoit jamais). L’empreinte de Baker est plus que prégnante, et le résultat est un mélange assez maladroit du sens de la mélodie d’Alice Cooper et des sonorités synthétiques alors en vogue. De manière assez symbolique et ironique, le premier titre de "Flush The Fashion" est une reprise d’un groupe nommé The Music Machine. Cela résume bien l’orientation que tente de prendre le groupe en s’inspirant des groupes New-Wave de l’époque.
Le résultat se révèle être… assez décevant. Les compositions sont faibles, l’orchestration poussive, et l’inspiration ne semble jamais avoir été invitée à la conception de cet album. Tout au plus peut-on trouver quelques attraits aux riffs de "Clones", à l’ambiance stupide et cocasse d’"Aspirin Damage", et à un "Leather Boots", très court, mais très réussi. Restent les textes, mélange d’humour cynique, de provocation et d’introspection, qui sont comme toujours chez Alice Cooper, d’un très bon niveau.
Vraiment pas de quoi fouetter un chat, mais comme une mauvaise nouvelle est souvent contrebalancée par une bonne, réjouissons-nous du fait que cet album soit le plus court de toute la carrière d’Alice Cooper. Comme quoi, cet homme n’est pas foncièrement mauvais…