Philip Sayce est un guitariste et chanteur nourri au biberon des grands guitaristes de blues et de rock. Il cite Stevie Ray Vaughan, Jimi Hendrix et Mark Knopfler ainsi que les précurseurs du blues comme influences mais sa musique est plus que jamais ancrée dans le vingt et unième siècle. Innerevolution est le quatrième album du guitariste et c’est une découverte pour votre serviteur. Et quand une découverte faite dans des circonstances involontaires se transforme en vrai plaisir il y a une certaine jubilation qui prend vie. C’est particulièrement le cas avec Philip Sayce. Philip s’accompagne d’un bassiste et d’un batteur pour faire vivre une musique à la croisée du blues, du rock et de le soul.
C’est pourtant un morceau très rock mélodique qui ouvre l’album. « Changes » se déroule comme une évidence et on entend un jeu fluide dans lequel la guitare est honorée et généreuse. On est même surpris par la richesse des sons utilisés par Philip, l’ambiance étant saturée de wah-wah, de groove et de chaleur. La filiation avec un Stevie Salas est d’ores et déjà évidente et elle ne se démentira pas tout au long de Innerevolution. « Scars » enfonce le clou avec un blues-rock très moderne au refrain explosif. La voix de Philip Sayce se fait plus abrasive et rogne sur celle d’un grand chanteur du même genre musical, Glenn Hughes. Philip Sayce fait parfaitement le lien entre le rock soul de Hughes et le blues rock de Salas, et c’est suffisant pour donner une idée de la qualité de l’ouvrage. Bien qu’il soit originaire du Pays de Galles, le son de Sayce est plus que jamais américain et c’est logique quand on sait qu’il s'est installé sur le nouveau continent très tôt dans sa jeunesse.
Tous les titres de cet album auraient droit de citer tant ils contiennent de mélodie. Citons « My Pearl » pour ses breaks très soul et son piano enjoué, « Are You Ready » pour l’orientation rock mélodique qui rejette un Nickleback aux oubliettes et les huit minutes de « Little Miss America » pour son blues plus traditionnel suivi d’une joute guitaristique hendrixienne. « Daydream Tonight » est la ballade un peu mielleuse de l’album. Piano, guitare acoustique et voix tendre sont aux programme. Le petit supplément d’âme présent dans la chanson et sa position dans l’album achèvent de lui donner un charme immense.
Nous n’avons rien dit sur les talents de musicien de Sayce et pourtant ils sont importants. Il se fait le digne successeur des fines lames citées en introduction avec un jeu moderne et un beau savoir faire en composition de soli. Et il est aussi bon chanteur (les envolées de « Take You Away ») que guitariste.
Innerevolution est un disque qui donne envie de rattraper le retard concernant l’œuvre de Philip Sayce. Commencer par cet album est peut être le meilleur moyen d’entrer dans l’univers du gallois. Si vous êtes fan orthodoxe de Hughes et Salas comme votre serviteur, Philip Sayce s’installera dans votre cœur bien au chaud entre ces deux musiciens comme un artiste passionnant et attachant.