Pangea est un groupe maudit des années 90 ayant sorti deux albums principalement reconnu au Japon. Retrospectacular est le troisième album du groupe qui devait sortir fin des années 90 mais, pour de sombres histoires de label, ne verra le jour que dix ans plus tard. C’est Lion Records qui a donc pris le pari d’éditer cet album qui, malgré les années, n’a pas vieilli. Le trio a quand même décidé de reprendre les compos laissées dans les tiroirs pour les remettre au goût du jour.
Pangea est un trinôme qui n’a pas changé depuis ses débuts (l’album The First en 1992) composé de Torben Lysolm au chant et à la guitare, Jan Engstrøm à la basse et Tony Olsen à la percussion. En sachant que Pangea officie dans un registre proche de celui d’Extreme, TNT et Talisman, l’attention du lecteur doit se trouver considérablement augmentée. Retrospectacular est un album de Hard Mélodique d’excellente facture et on se demande pourquoi tant de contraintes lors de sa sortie initiale ont empêché tant de talent de s‘exprimer...
Au delà des problèmes de label, on regrette que Pangea n’ait pu sortir son album à la date prévue initialement. Il faut se souvenir qu'à la fin des années 90 Extreme n’est plus et que Talisman est au milieu de sa carrière tout en restant l’apanage des connaisseurs. Un créneau était clairement là. Ne boudons pas notre plaisir d’entendre le disque début 2010 car le contenu est plus que réjouissant. Les références à Extreme sont nombreuses avec notamment « Dont’ Let Go » qui fait irrémédiablement penser au morceau du combo de Boston « Suzi ». Les rythmiques de la plupart des morceaux sont estampillées Bettencourt avec le son propre de Lysolm.
« Hold Your Fire » inspire le meilleur de TNT avec un chant très expressif et une basse ronflante. Le refrain est taillé pour exploser dès les premières mesures. Pangea a écouté et digéré les standards du hard mélodique d’inspiration scandinave pour en suivre la trace. Comme pour chacun des grands groupes de hard mélodique précités, la guitare est omniprésente avec la belle technique de Lysolm. Mais c’est la basse qui marque beaucoup les esprits. Engstrom est le pendant du regretté Marcel Jacob et son travail sur « Right Between The Eyes » est troublant de parenté avec la musique de Talisman.
La référence à Talisman se fait d’ailleurs rapidement dès le premier titre « Time’s Up », mais par l’intermédiaire de la voix de Lysolm qui colle à celle de Jeff Scott Soto tout en ayant des intonations proches de Oliver Hartmann (Empty Tremor). Les montées vocales de « Right between The Eyes » sont très caractéristiques de celle de Soto. En outre, Pangea trouve des sonorités qui rendent le disque très éclectique avec des parties de sitar indien dans « Little By Little » et un genre de country pour « It’s Too Late ». On entend même le rock musclé de Toto dans l’intro de « 2AM ».
Disque en hibernation depuis une dizaine d’années, Retrospectacular porte bien son nom : du spectaculaire avec un style ancré dans les années 90. Le disque se révèle très solide dans les mélodies et les constructions et on attend désormais un successeur à cette petite réussite...