Difficile d’être objectif envers un groupe que l’on adore ! "Mirrors" est un album qui résonne souvent, chez les fans de BÖC, comme une déception pour les plus gentils, un foirage total chez les plus intransigeants. Si l’on fait fi d’un "Spectres" plutôt mou du genou en 1977, mais qui explique l’orientation du groupe sur cet album, "Mirrors" est coincé entre un "Agents Of Fortune" exceptionnel et les très bons "Cultösaurus Erectus" et "Fire Of Unknown Origin" de 1980 et 1981. Un album qui se trouve à l'étroit entre la période heavy et froide du groupe et l’ère du renouveau plus rond, accessible et chaleureux des 80’s.
BÖC retourne ici à l’état de chrysalide en pleine mutation, et son rock manque de mordant, de grandiloquence et parfois d’originalité.
La messe débute par un "Dr. Music", plus connu pour sa version live du "Extraterrestrial Live". Moins heavy, le morceau jouit ici de la présence d’un harmonica et de chœurs féminins sur le refrain qui rattrapent l’ensemble. Le break façon salsa a son charme: emballé c’est pesé ! Le groupe démarre plutôt bien.
"The Great Sun Jester" fait partie de ces titres très accessibles et très FM. Mais les envolées guitaristiques de Buck sur de jolies nappes de piano savent redonner la pêche aux moments les plus opportuns. D’ailleurs, dans ce cadre plus formaté, plus lisse et plus sage dans lequel la rythmique se fait plus molle, la guitare prend une ampleur inégalée dans le groupe. Les claviers étouffés et moins présents lui offrent une place de choix et souvent, l’arrivée du riff, du solo, éblouie le titre comme sur "I Am The Storm", un des titres les plus hard, ou "The Vigil", certainement le meilleur moment de l’album. Ce titre à tiroir débute par un mélange guitare sèche et électrique sur des claviers spatiaux et se révèle un mid-tempo dans lequel la guitare prend une place énorme. Les interventions de Buck sont lumineuses et le passage mélancolique des 4 minutes rappelle les grands moments de "Secret Treaties". Quelle claque !
Les autres réussites sont le "In Thee" de Lanier, très bluesy et dont les belles paroles sont superbement chantées par Buck, "Moon Crazy", qui alterne ternaire et binaire et s’envole au final sur une rythmique frénétique digne du "Red And Black", et le "Lonely Teardrops" final, garni de chœurs féminins et porté par un clavier à la "Superstition" de Stevie Wonder. Lui apportant un côté soul assuré, il nous permet de découvrir BÖC sous un autre jour. "You’re Not The One" donne dans un genre plutôt Beach Boys et, gavé de percussions, se révèle bien monotone, à l’image d’un popisant "Mirrors" qui, bien que sympathique, tourne un peu en rond.
Nous n'irons pas jusqu’à dire que "Mirrors" est un mauvais album du Cult, mais il explore un genre qui ne lui ressemble que très peu et ce, sans cette touche de génie qui marque habituellement BÖC. Pour les amateurs du groupe à l’esprit ouvert et les curieux.