La trainée blanche laissée par Let Them Eat Pussy et son titre délicieux, encore fraiche dans la mémoire, Nashville Pussy revient nous rendre visite deux ans plus tard avec ce High As Hell du feu de dieu.
Une pochette vaut souvent mieux qu’un long discours. Dans le cas présent, on ne saurait mieux résumer son contenu qu’avec cet écrin visuel plus sage que celui du premier album mais toujours d’un goût exquis. Deux femmes pour lesquelles on éprouve les plus grandes difficultés à les regarder dans les yeux, un bonhomme au bide de buveur de bière, nous font déjà comprendre que les Nashville Pussy restent fidèles à eux -mêmes : sales, politiquement incorrects et sentant bon l’alcool frelaté vendu dans un bouge du Texas. La posture des quatre musiciens enfin, combinée au titre de l’opus, ne peut qu’évoquer le groupe dont les Américains sont un peu les enfants bâtards : AC/DC et son Highway To Hell que l’on ne présente pas. Dès lors tout est dit!
Au sommet de leur art (?), les chattes de Nashville balancent la purée avec une énergie communicative, chaque fois (ou presque) en deux ou trois minutes. Rapide certes, mais comme c’est bon, on tend volontairement l’autre joue pour recevoir ce hard-rock boogie et fiévreux.
Par rapport à Let Them Eat Pussy, le groupe a, sinon évolué, au moins progressé. Les chansons s’avèrent beaucoup plus solides. Taillées pour avaler les kilomètres, pied au plancher, celles-ci montrent que ses auteurs ne se contentent pas d'être de simples provocateurs bas du plafond malgré leurs sujets toujours très poétiques. Propulsé par le jeu explosif et jouissif du couple formé par le chanteur Blaine Cartwright et la pile électrique Ruyters Suys, à mi-chemin entre Angus et Ted Nugent, le quatuor possède un vrai talent pour écrire des morceaux, simples peut-être, mais toujours efficaces et donnant la banane à celui qui se les prend dans les cages à miel.
A l’aise avec les rythmes nerveux (les irrésistibles "Struttin Cock", "Piece Of Ass", "Shoot First And Run Like Hell"), le groupe confirme en outre, que les tempos plus lourds et vicieux n’ont également pas de secret pour lui. Citons les "Wrong Side Of A Gun", et les immenses "Go To Hell", au feeling sudiste savoureux, et "High As Hell". N'oublions pas non plus "Drive", étonnamment long (plus de six minutes) au regard des autres titres, et d’où jaillissent des parties de grattes énormes.
Enrichi de plusieurs bonus pour la version européenne, dont un bon paquet de reprises (Black Oak Arkansas, AC/DC…), High As Hell est donc une excellente pioche et, qui plus est, le dernier album gravé par le line-up culte, c’est-à-dire avec la sculpturale bassiste Corey Parks, laquelle sur scène n’est pas loin de voler la vedette à la petite Ruyters. Rien que pour cela, cette seconde fournée mérite sa place dans la discothèque de tout fan de (vrai) rock.