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En 1976, Alice COOPER est au fait de sa carrière. Le « Welcome To My Nightmare Tour » a cartonné et à contribué à imposer l’image de la bande à Vincent FURNIER. S’il apparait toujours inquiétant et dérangeant (dérangé ?), le chanteur cherche toutefois à se rendre moins basiquement provocateur. Et c’est à cette époque qu’il participe au Muppet Show et qu’il se marie.
Ainsi la provocation gratuite n’est plus de mise sur ce « Goes To Hell ». Alice s’évertue à brouiller les pistes en renforçant le côté humour et le second degré de ses textes et en variant sa musique. En effet, comment interpréter une chanson comme « Give The Kid A Break » ? Sur un fond musical exagérant les poncifs du Rythm & Blues, on entend Alice COOPER marchander le salut de son âme avec le Diable. Les dialogues sont totalement décalés, grotesques et savoureux (« You're a reasonable man, could we discuss my grave situation, […] Listen boss, maybe we can make a little deal, Isn't there anything I can say, Or some kind of fine I can pay, Don't know why I'm down here, Must be something I said (I'm sorry), Or some small imperfection, In my soul or in my head »). Le second degré est manié avec un art consommé, et Alice semble s’amuser autant de ses admirateurs que de ses détracteurs avec un sens de l’auto dérision et un savoir faire qui confine au Grand Art.
Ce sens de la dérision se retrouve tout au long de cet album, que ce soit au travers des paroles, « Go To Hell », « Wish You Were Here », de la musique « I'm Always Chasing Rainbows » (une reprise d’une chanson traditionnelle adaptée d’une musique de Chopin qui donne dans le style comédie musicale grandiloquente), ou bien des deux (« I’m The Coolest ») alors que la thématique - l’album compte le voyage d’Alice en enfer - ne s’y prêtait pas forcément. « I’m The Coolest », qui bascule dans un univers proche de celui de ZAPPA après une intro « ambiance piano-bar », permet ainsi à Alice COOPER de faire son auto célébration avec le manque de modestie et de recul tout juste nécessaire pour que l’on se trouve à la frontière entre sérieux ridicule et second degré provocateur. Nous sommes toujours à la limite du burlesque, de la bouffonnerie.
Clairement, ce disque peut tout autant être pris comme le délire ridicule d’un artiste dépassé par les évènements et à court d’inspiration que comme une œuvre savoureuse de noirceur, de cynisme et de maîtrise même si la qualité de l’interprétation laisse à penser qu’il faille opter pour cette dernière solution. Ainsi l’excursion Disco, «You Can Dance » ne sombre-t-elle pas du tout dans le caricatural, et se révèle être un savoureux moment orchestré avec finesse.
Mais au-delà du costume de bouffon qu’adopte Vincent FURNIER, cet album préfigure la direction artistique que le bonhomme va emprunter en solo entre 1977 et 1983 à savoir une musique qui s’éloigne du Rock pour se charger d’ambiances de type « cabaret » (seules 3 chansons, « Guilty », « Didn’t We Met ? » et « Go To Hell », peuvent ici être qualifiées de « Rock »). Si le mal-être, qui sera son compagnon durant toute cette période, pointe même le bout de son nez au détour d’un « Wake Me gently », on a tout de même le sentiment qu’Alice maîtrise ses délires et que l’alcool n’a pas encore totalement pris le contrôle. Et ce sera probablement la dernière fois avant longtemps…
Un album plein de charmes, moins exigeant que DaDa, moins immédiatement efficace que « Raise Your Fist & Yell », moins cohérent que « Welcome To My Nightmare », mais bien plus poilant et tellement unique. Rarement considéré comme un album majeur d’Alice COOPER, ce « Goes To Hell » est pour moi essentiel pour comprendre l’essence même du bonhomme, son humour, son habilité à savoir s’entourer et bien sur, ses faiblesses.
Plus d'information sur
http://www.alicecooper.com/
LISTE DES PISTES:
01. Go To Hell - 05:12 02. You Gotta Dance - 02:45 03. I'm The Coolest - 03:58 04. Didn't We Meet - 04:16 05. I Never Cry - 03:44 06. Give The Kid A Break - 04:15 07. Guilty - 03:23 08. Wake Me Gently - 05:04 09. Wish You Were Here - 04:38 10. I'm Always Chasing Rainbows - 02:08 11. Going Home - 03:48
FORMATION:
Alice Cooper : Chant Allan Schwartzberg: Batterie Bob Babbitt: Basse Bob Ezrin: Claviers Dick Wagner: Guitares / Choeurs Jim Gordon: Batterie John Tropea: Guitares Steve Hunter: Guitares Tony Levin: Basse
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