Depuis maintenant 11 ans, Lukasz Gall est le chanteur de Millenium, groupe solidement ancré dans l'histoire du néo-prog polonais. Depuis quelques années, notre homme est également le front-man invité de Moonrise, projet qui en deux albums a également pris place dans la première division des combos de néo-prog polonais. Et comme si ces deux occupations ne lui suffisaient pas, voilà que notre homme nous produit en ce début de décennie un album solo… entouré bien entendu de membres de la tribu néo-progressive polonaise (Millenium, Albion, Moonrise, Nemezis) !
Avec un background musical aussi fortement marqué, c'est sans surprise aucune que les 8 (oublions l'inutile introduction) plages présentes sur cet Anonym nous proposent un néo-progressif ressemblant plus que fortement à la musique de Millenium : des compositions up-tempo, soutenus par des claviers néo, et sur lesquelles les guitares viennent poser régulièrement leurs soli syndical de milieu et/ou de fin de plage.
Si la basse se fait discrète, il est à noter la mise en avant régulière de la batterie, apportant ainsi une (très) légère différence avec la tonalité habituelle du groupe mené par le patron de Lynx Music ! All Believers introduit ainsi des roulements qui, ajoutés à la manière de chanter de Lukasz Gall sur cette plage, apportent une coloration façon Peter Gabriel au meilleur titre de l'album.
Malheureusement, si l'on retrouve beaucoup de bons moments, notamment dans les parties instrumentales menées par les guitares et présentes sur chaque titre, l'ensemble manque toutefois de consistance, et plus particulièrement dans les passages chantés, ce qui est un comble pour un album solo de vocaliste ! En effet, outre des mélodies parfois difficiles à suivre, les arrangements qui accompagnent les parties vocales frisent par moment l'indigence. Exemple type ? Disaster Calls Another qui, tout en offrant deux passages instrumentaux (hélas trop courts) enjoués et flamboyants, confine à la chansonnette le reste du temps, avec des sonorités de clavier disons-le plus que datées.
Et cette impression de naviguer entre fulgurances instrumentales néo-progressives jouissives et mélodies passables va se répéter tout au long de l'album, laissant un goût d'inachevé dans la bouche, que les trois dernières pièces pourtant joliment réussies ne parviendront pas à dissiper.
Avec ce premier album en solitaire, Lukasz Gall ne parvient pas à atteindre la première division d'une scène néo-progressive polonaise plus que surchargée. Son Anonym, bien qu'agréable à écouter, ne laissera pas de souvenir impérissable, la faute à un manque de constance dans la qualité des arrangements, mais aussi à un référentiel important et de grande qualité. Mais ce n'est sans doute que partie remise.