Il aura donc fallu 6 années à Morphelia pour accoucher d'un successeur à leur premier album, Prognocircus. Les parents se portent bien et sont d'ailleurs fiers de vous annoncer la naissance de jumeaux, prêts à venir titiller nos oreilles du haut de leur 59 et 57 minutes respectives.
Autant vous l'avouer tout de suite, l'écoute de leur aîné nous avait franchement dér(g!)outé. Malgré un potentiel musical intéressant, cette première mouture n'avait pas réussi à nous convaincre. Aussi léger à digérer qu'une choucroute, le style métallo-lourdingue développé tout du long de ce premier album par les Allemands nous avait, c'est le moins que l'on puisse dire, plutôt laissé sur notre faim. D'où notre inquiétude, légitime (?), à la vue du double pavé conceptuel proposé sous un titre, convenons-en, pas très engageant : alors, de nouveaux cauchemars en perspective ?
Surprise … Walk Through The Park qui ouvre cette nouvelle œuvre semble tout droit issu d'un album de Pendragon : mélodie au clavier sobrement accompagnée, accents 'barettiens' du chanteur, puis chorus symphonique surmonté par une guitare mélodique et non bruitiste.
Continuons l'exploration de ce premier CD, et la tendance initiale se confirme : changement radical de style ! Pourtant, un rapide coup d'œil sur le line-up confirme que celui-ci, et plus particulièrement son guitariste au jeu métallique, n'a pas bougé depuis 2003 ! Le métal prog a laissé place à un néo-prog du meilleur jus, certes parfois relevé à la sauce métal (faut bien se dégourdir les doigts de temps en temps !), mais surtout croisé avec du progressif d'inspiration 'genesienne' et des maîtres des années 70.
Les références sautent alors en vrac aux oreilles de l'auditeur de plus en plus conquis par cette évolution : Pendragon donc, mais aussi et surtout de l'IQ vitaminé à la sauce Arena, avec toujours de-ci de-là, quelques références appuyées aux ancêtres que sont Genesis… ou encore Saga, dont une partie du pont instrumental de Tired World (sur Saga) est carrément reprise dans le fabuleux Mirror Labyrinth (écoutez bien à partir de 4'42 !).
Les nombreux thèmes et styles déclinés rendent bien entendu impossible une description précise de tous les détails de cette musique qui se pose en parfaite synthèse des différents styles et périodes du progressif. Ne reste alors qu'à prendre le temps de l'écouter et l'apprécier pleinement.
Le deuxième CD va aller encore un peu plus loin dans cette dimension progressive, avec notamment deux plages longues à souhait et développant de multiples thèmes, propres à réjouir tous les amateurs de progressif, la dernière plage proposant même une longue introduction façon Tangerine Dream. Mais il conviendrait de ne pas oublier On The Roof que l'on attribuerait volontiers à leurs compatriotes de RPWL, ainsi qu'Imaginos qui vient quant à lui mixer la puissance d'Arena avec un peu de folie façon Beardfish.
Vous trouvez que cette chronique n'est que succession de références ? Certes. Mais la musique développée par Morphelia sur cet album étant tellement protéiforme, capable de toucher une bonne partie des différentes sphères progressives, il pouvait difficilement en être autrement. Magnifique réussite, Awaken The Nightmare est un album qui fera date dans l'histoire de la musique progressive, propulsant Morphelia directement dans la catégorie des groupes à suivre de très près.