Solid State fait partie des formations qui portent fièrement leur appartenance à une mouvance hard rock US, se situant à la croisée entre Bon Jovi, Extreme et Kiss. Pourtant contre toute attente ces cinq gaillards nous viennent du Sud-Est de la France, et après un premier opus sorti quatre ans plus tôt et accueilli avec les honneurs, les revoilà, remontés à bloc, avec douze titres résumés sous un seul qualificatif qui annonce la couleur : « So Solid ».
Se trouver référencé comme simple ersatz d’un mouvement rien moins que récent, malgré tout le talent du monde, est une chose délicate voire risquée, surtout pour des Français. Loin de se satisfaire de telles considérations de rang, Solid State débarque donc avec du brio mais aussi de l’originalité. Prêt à tenter des expériences musicales inattendues, le quintette aidé de dix-neuf musiciens, excusez du peu, a donc cherché l’alchimie en adjoignant parfois aux décharges électriques des rythmes latino, jazzy ou même country.
L’album débute pourtant sur des bases plus classiques avec trois brûlots hard rock (une fois passée la dispensable introduction symphonique) permettant d’emblée d’apprécier le jeu musclé des Niçois. La production manque quelque peu d’envergure mais ne dessert en aucune manière les refrains accrocheurs ou la rythmique endiablée imposée (« A Night At The Opera »).
Mais avec « Sweet » la chaleur monte d’un cran, les ambiances salsa font irruption, portées par des cuivres et des percussions. Plus loin « I Hate You » s’enivre de la frénésie des tempos jazz grâce notamment à des arpèges de piano répondant aux trompettes et bien sûr à la guitare de Jay. « Vegas Legacy » enfonce encore un peu plus le clou, attisant l’atmosphère déjà chaude par ses intonations espagnoles, légèrement typées flamenco. Vous en vouliez encore ? « Band on the road » dépeint de son côté une scène digne de O’ Brother derrière violons et banjo finissant de répertorier les métissages musicaux.
Malgré ces nombreux grands écarts, tout est en place, le disque se construit avec une cohérence qui aurait pu s'avérer finalement chancelante. Le travail sur les compositions est des plus convaincants même si des morceaux tels que « Into The Night » et « The Hand Of God », ballades peut-être trop consensuelles et au pendant émotionnel limité (comparées ne serait-ce qu’au court instrumental « Kok Curtain Call »), n’enrichissent à vrai dire pas l’album.
Cette promenade des Français n’est, pour le coup, pas des plus rectilignes, « So Solid » ne cherchant même pas à lever le pied à l’entrée du carrefour des genres. Pourtant tout se passe sans accroche, et c’est ce qui fait le savoir-faire de Solid State. Tout comme sa capacité à tenir sa parole, grâce à un album solide comme promis.