Il y a tout juste deux ans Demians mettait au monde son premier effort rock dont l’excellence avait été largement appréciée par la critique. Reconnaissance fulgurante qui permit d’ailleurs à la formation de tourner dans le monde avec de grands noms de la scène progressive tels que Marillion, Anathema ou encore Oceansize.
Artiste talentueux mais aussi prolifique, Nicolas Chapel à la tête de la formation a des fourmis dans les mains et n’aura attendu que peu de temps avant de revenir avec ce « Mute » qui porte étrangement mal son petit nom. Car sans toutefois changer son fusil d’épaule, le rythme imposé par Demians semble s’être sensiblement accéléré et alourdi. Une montée en puissance qui peut même lorgner vers la granularité d’Opeth (« Rainbow Ruse ») ou la nervosité de Tool (« Swing Of The Airwaves »). Demians a pris des épaules, a musclé son jeu s’exprimant sur des ambiances plutôt sombres mais parvient parfois à développer une énergie plus radieuse à l’image de « Tidal » à l’atmosphère californienne à la Dredg.
Si l’on peut y voir le souhait de s’affirmer autrement, de façon plus autoritaire, toujours est-il que les plans planants ou intimistes ne sont pas pour autant mis au placard. « Black Over Gold » et plus encore « Falling From The Sun » vont dans ce sens, le premier prenant peu à peu des chemins d’une intense émotivité tandis que le second se place posément avec une démarche de chat dont les pattes effleureraient le sol.
Dans tous les cas, avec ce « Mute », l’impression est de revoir un ami perdu de vue depuis quelques années. Certaines choses ont changé forcément mais le plaisir de se retrouver reste le même. Demians a peaufiné neuf compositions aux contours plus carrés, sans doute moins émotionnels mais tout autant captivantes. Encore une belle leçon de rock.