Dix ans ! Il aura fallu attendre dix ans pour qu’Anathema nous concocte un nouvel album studio au contenu inédit. Le titre pour le moins original de cet album est inspiré d’une chanson de ralliement que l’on pouvait entendre pendant la première guerre mondiale pour se redonner du moral. Anathema a voulu ainsi effectuer un parallèle pour signifier à quel point le groupe est soudé. Le mix a été laissé aux bons soins de Steven Wilson (Porcupine Tree) et le mastering à Jon Astley (The Who, Led Zep).
Depuis ses débuts, Anathema n’a eu de cesse de faire évoluer sa musique en proposant un contenu toujours moins métal et toujours plus accessible. Cet album ne déroge pas à la règle et fusionne avec une réelle réussite le rock atmosphérique et le rock alternatif.
L’aspect atmosphérique est avant tout caractérisé par cette fameuse recherche harmonique qui a toujours fait la force d’Anathema, un son bien rond et par un certain coté épuré et mélancolique, notamment sur les introductions et les conclusions, permettant au piano ou à la guitare électro-acoustique de faire passer sur une poignée de mesures quelques émotions fortes. C’est sur cette trame que se greffent les éléments alternatifs qui donnent un peu plus de rythme à des titres qui auraient pu s’engoncer dans une certaine linéarité voire une certaine mièvrerie (le début de « Angels Walk Among Us »). La guitare se fait alors plus nerveuse (« Summernight Horizon »), les percussions donnent de la voix et une certaine fuite en avant se fait alors ressentir pour le plus grand plaisir de nos sens.
Comme à son habitude, la technique - qui n’est pas le fort de ce groupe - est mise totalement de côté, impliquant des soli assez réduits et des constructions assez classiques basées sur des montées en puissance régulières (« Thin Air », « Dreaming Light », etc.) entrecoupées de breaks. Une fois de plus le chant cristallin de Vincent Cavanagh, parfois brillamment doublé par une voix féminine (« Everything »), fait des merveilles et illumine l’album de sa classe et de sa sensibilité.
A côté des titres de facture plutôt classique que l’on pourrait aisément retrouver dans un album de Pineapple Thief période « Tightly Unwood », quelques morceaux se rapprochent d’autres références tels « Get Off, Get Out » faisant penser à Blackfield, tout particulièrement sur le refrain, ou la superbe « Universal », aux cordes omniprésentes, quant à elle plus proche d’un Portishead.
Alors que dire de ce nouvel album d’Anathema? Qu’une fois de plus le groupe continue sur sa voie tout en évoluant juste ce qu’il faut pour ne pas lasser et ne pas se couper de sa fan base. Que le feeling des frères Cavanagh ne se dément toujours pas et qu’ils ont une fois de plus réussi à réaliser une œuvre équilibrée, mélodieuse, facilement assimilable dès la première écoute et qui pourtant ne souffre pas des écoutes répétées. Certainement tout cela à la fois… Ils auront mis le temps mais le résultat en valait la chandelle…