Si cet album éponyme est le premier pour Mars Hollow, les musiciens du quatuor américain ne sont pas pour autant des gamins. Venant du monde du prog, ils ont fait partie de plusieurs formations telles que The Endless Enigma (tribute-band à Emerson, Lake and Palmer), The Little Girls, Never Wasn’t, Receiver, et The Abe Lincoln Story entre autres. De plus, Kerry Chicoine (basse) et Jerry Beller (batterie) ont joué avec Ryo Okumoto (clavier de Spock's Beard). Si l'on ajoute que le producteur-arrangeur-ingé son de l'album n'est autre que Ronan Chris Murphy, connu pour avoir travaillé avec King Crimson, Terry Bozzio, Steve Morse, Tony Levin ou The California Guitar Trio, nous pouvons imaginer avoir affaire à un opus de 'qualité supérieure' !
N'attendez pas pour déguster un "Wait For Me", pièce de près de 9'30 où nous allons découvrir les ingrédients de la recette du rock progressif façon Mars Hollow. Prenez une bonne dose de néo à tendance joyeuse, assaisonnez de quelques pincées de rythmique catchy, un soupçon de contrepoint jazzy. Mixez le tout avec un batteur inspiré, relevez la sauce avec des lignes de basse épicées, mélangez à parts égales des interventions savoureuses de claviers et de guitare et, surtout, nappez généreusement d'un succulent chant.
Difficile de ne pas énumérer un à un les 7 titres qui composent cet album comme autant de gourmandises sur un menu qui ne proposerait que des mets haut de gamme. Ainsi, les envolées de claviers un rien 'vintage 'de la fin de "Midnight" ne s'éteignent que pour céder la place aux orgues d'église qui ouvrent "Eureka". Et si sur ce titre vous ne dites pas 'J'ai trouvé !', c'est que vous êtes insensible à la virtuosité de Steve Mauk dont le travail au piano est tout simplement bluffant.
"If I Were You" est une autre démonstration de talent où la guitare bascule de l'acoustique à l'électrique pour s'unir à un Hammond délirant, tel un duo-duel amical qui opposerait-associerait Steve Hackett et Keith Emerson. Passons "In Your Hands" qui, pour ne pas être une grande composition, n'en est pas moins savoureuse, juste un peu légère en regard de ce qui précède et de ce qui suit ... Et la suite, c'est "Wild Animal", un titre diablement mélodique, bourré de petits gimmicks sympas et surtout une occasion d'apprécier des vocaux somptueux où le chant de John Baker est magnifié par les chœurs des ses trois comparses.
Enfin, pour finir ce repas musical, il fallait un dessert consistant, c'est donc par une pièce montée que Mars Hollow nous porte l'estocade. Toutes les saveurs précédemment découvertes sont rappelées ici. Cerises sur le gâteau, certains passages font penser à du Genesis (guitare) ou à du Renaissance (piano): excusez du peu !! Et cela s'étale somptueusement sur près de 12'30. Quelle magnifique conclusion !
Et, puisqu'on parle de conclusion, il ne me reste plus qu'à vous livrer la mienne. Mais que pourrais-je ajouter, sinon revenir sur le coté très américain du prog de Mars Hollow ?
Citer des références que l'on détecte sans jamais qu'elles soient jamais triviales ? Spock's Beard, Neil Morse, Izz, Phideaux, ELP, Genesis, Renaissance, Yes, Galahad, chacun pour un son, une phrase musicale... La musique de Mars Hollow est au bout du compte un cocktail savamment dosé que l'on peut consommer sans aucune modération. Du prog qui vous donne une telle pêche devrait être remboursé par la sécurité sociale !