Voilà un artiste qui sait faciliter le travail des chroniqueurs. Olivier Calmel propose ici un album dont la chronique pourrait se réduire à la citation des différentes plages qui le composent. Qui mieux que l’artiste lui-même aurait pu trouver des titres aussi adaptés à l’ambiance qu’ils dégagent ou inspirent ? Telles des (très) courts métrages, les compositions jazzy de cet "Empreintes", riches en Jazz traditionnel et fortement teintées d’ambiances à la "Amélie Poulain" (pour faire simple), sont tellement évocatrices que l’auditeur ne peut se représenter autre chose que le bonheur d’un réveil détendu dans une chambre claire par un beau matin d’été ("Au Lever"), une situation étrange et troublante ("Un Mystère"), un délire total dans un pays de l’Est ("Le Hongrois Déraille"), un personnage au comportement bipolaire déroutant ("D’Humeurs Changeantes") et bien d’autres shoots encore.
Oui, Calmel est décidément un cinéaste musical assez efficace, et en pianiste de talent, il possède une imagination fertile. Associé au violoniste Frédéric Eymard qui, sur cet album fait vibrer son violon alto avec classe et une simplicité, une proximité flagrantes, il nous emmène en voyage. Sonorités latines ou tziganes, background classique, groove à l’américaine comme sur "D’Humeurs Changeantes", éléments de jazz fusion, tout est ici très bien maîtrisé et marqué du sceau Calmel qui apporte une unité parfois bluffante et toujours sincère à cette musique fraîche mais jamais désuète.
Tout débute par un "Prologue" qui présente toute la thématique développée sur l’album et enchaîne sur un rappel de l’album précédent avec un "Travelling Mafate" très fusion et dynamique. Chaque instrument a ici droit à son passage solo et les sept minutes filent à grande vitesse. Alors certes, certains trouveront la prise de son trop brute, trop claquante mais tel semble bien être le parti pris du groupe.
Les meilleurs titres sont sans aucun doute un "Alter Ego" tout en swing et un "Epistrophe" d’une belle douceur, que le piano de Calmel vient ensoleiller après une longue intro, et qui se voit inspiré de l’œuvre de son père composée pour 'Les lettres de mon Moulin' d'Alphonse Daudet.
Riche en émotion et en improvisation, à l’image du titre final, "Empreintes" se veut un beau condensé de la discographie d’Olivier Calmel, idéal pour découvrir l’artiste et son univers très visuel.