Après 4 années d’absence, Jorn Lande revient au sein du combo allemand Masterplan, groupe mené par l’excellent Roland Grapow et à l’origine d’un des jalons du métal mélodique : « Aeronautics ». Nous l’avions annoncé mi-mars et le voilà qui déboule dans nos bacs orné d’une bien jolie couronne, l’album de la réconciliation. Sonnez trompettes et roulez tambours : it's « Time To Be King » !
Le facétieux chanteur n’a plus rien à prouver depuis plusieurs années et c’est en toute logique qu’il illumine ce nouvel opus de son timbre incomparable ("Lonely Winds Of War", "Far From The End Of The World"). Pour autant, et c’est l’une des forces de ce groupe de super stars, il ne fait pas de l’ombre à ses compères. Mieux, il sait mettre en valeur la fougue d’un Terrana et l’inventivité de Grapow (qui s’immisce ici partout pour le grand bonheur des fans du gratteux). D’ailleurs, puisqu’on nomme le batteur fou, soulignons de suite que Masterplan donne ici, bien plus qu’auparavant, dans des compos up-tempo qui associées à des claviers plus orchestraux, des arrangements plus heavy font évoluer la sonorité du groupe, renouvelant ainsi l’intérêt.
Tout cela est bien alléchant, et plutôt logique pour qui connait les musiciens cités, mais passons prestement aux choses sérieuses : le contenu intrinsèque du bazar.
Comme je le disais plus haut, Masterplan varie les plaisirs et propose des titres fort bien fichus : "Far From The End Of The World" est une petite bombe métal portée par un Jorn en grande forme (sans en faire trop) et des claviers tragiques prenants sur la montée en puissance. « The Sun Is In Your Hand », très Heavy Metal et riche en claviers possède une autre fougue tout autant maitrisée qui voit Terrana exploser littéralement la partie solo de Grapow. Dans un style plus épique, « Blue Europa », au refrain d’une efficacité déconcertante, se place comme un des meilleurs moments de l’album et l’opener « Fiddle Of Time », aux sonorités modernes, semble irréprochable : rage, maitrise, solo habité, il possède tout pour plaire.
Et ce sont justement ces sommets de perfection qui dévoilent paradoxalement le revers de la médaille. C’est qu’une fois passée la claque dans la tronche, une bonne moitié des titres se révèle peu mémorable. Point ici de coup de poing de la trempe d’un "Enlighten Me", "Kind Hearted Light" ou "Sail On". Pire encore, si Grapow prouve qu’il maîtrise le genre, il fait également preuve d’un essoufflement sur des titres comme « The Dark Road » ou « Under The Moon » d’une banalité décevante. Il reste malgré tout et pour conclure un « Time To Be King » grandiose, débutant de façon assez épique (choeurs et son de glas) et savamment construit (le passage instrumental au développement varié et dynamique).
Bilan en demi-teinte donc pour cette semi-reformation qui assure de justesse la transformation, combinant motivation et bonnes idées avec une certaine rengaine. « Time To Be King » possède le potentiel de plaire aux fans de Masterplan et du chanteur sans pour autant prétendre à une place de choix dans la discographie du groupe. L’avenir nous dira si le géant possède de quoi reprendre ses marques.