Groupe iconique de la scène "crossover", apparue à la fin des années 80 au croisement du metal et du hardcore, Pro-Pain a roulé sa bosse à travers toutes les modes des années 90 et 2000, et revient avec un treizième album studio dans la continuité directe des précédents, à savoir riche d'une variété de genres propre au sien ! En effet, l'étiquette barbare "crossover metalcore" n'aura peut-être jamais aussi bien porté son nom...
Du thrash au heavy en passant par le hardcore évidemment (le chant en particulier ne fera pas illusion bien longtemps), c'est une vraie diversité de styles que le groupe propose ici, avec cependant un son très moderne, ayant pour l'occasion renoué avec un producteur externe en la personne de V.O. Pulver. Le résultat est plutôt enthousiasmant, car Pro-Pain a une fois encore réussi à manifester une identité affirmée malgré cette versatilité, et les nombreuses influences sont parfaitement maîtrisées et intégrées. On en découvre même de nouvelles, le néo avec "Hell On Earth" et ses voix trafiquées, et le metal extrême avec "Hate Coalition" et son blast redoutable qui va flirter avec le black metal ! Côté classiques, le thrash est à l'honneur avec notamment l'excellent "Stand My Ground", qui bénéficie de l'apport non-négligeable d'une légende du milieu, Schmier, bassiste et chanteur du mythe teuton Destruction. Des riffs tout aussi furieux se font entendre ici et là au fil de l'album, lui conférant une réelle dynamique. "Gone Rogue (I Apologize)" est pour sa part un titre très heavy, au sens historique du terme, qui sonne très old school et possède un refrain en forme d'hymne, sur lequel participent Gianni Pontillo et Inga Pulver, avant qu'un solo très "classic rock" dans l'âme ne vienne dynamiter avec bonheur une structure qui commençait à être prévisible.
L'apport du nouveau batteur du quartet, à savoir Ricky Halverson (connu pour sa participation au culte RATT de Stephen Pearcy), est extrêmement positif, car non content d'avoir probablement influé sur le contenu de certains titres (on pense par exemple à "Rise Of The Antichrist", sur lequel il est impérial), il procure une base rythmique très solide à ses trois camarades, et se révèle donc être une composante essentielle de leur musique, et devrait à n'en pas douter rester au sein du combo un bon bout de temps (on lui souhaite) tant l'osmose est palpable.
Voilà donc une sortie tout à fait appréciable de la part de Pro-Pain, un nouvel opus très varié et aux compositions et à la production extrêmement soignées. Pas absolument marquant mais véritablement réussi, cet album montre toute l'expérience d'un groupe qui s'apprête à fêter ses vingt ans de carrière, et peut d'ores et déjà être rangé aux côtés de leurs meilleurs !