Le nom de Witchery ne vous est peut-être pas familier, et pourtant, la formation suédoise est une sorte de super-groupe du thrash, rien de moins. En effet, comment ne pas sentir la rage du berserker nous envahir à la simple mention du line-up ? Jugez plutôt : créé en 1997 par Patrick Jensen (futur The Haunted) et Richard Corpse sur les ruines de Satanic Slaughter, le groupe comprend aujourd'hui Sharlee D'Angelo (Mercyful Fate, Arch Enemy) à la basse et Martin "Axe" Axenrot (Opeth, Bloodbath) à la batterie ! Le métal suédois dans toute sa diversité ! Et comme si ça ne suffisait pas, le petit nouveau de la bande n'est autre que l'ex-chanteur de Marduk, Legion, qui apporte son growl rocailleux à l'ensemble et lui confère encore un peu plus de puissance. Ajoutez à ça une production velue signée Tue Madsen (qui a bossé avec Dark Tranquility, The Haunted ou encore Heaven Shall Burn), et vous aurez compris l'idée : ça va bastonner sévère.
A priori confirmé dès la première piste éponyme, guerrière à souhait et agrémentée d'un solo tout en dissonances signé par le maître incontesté de l'exercice, Kerry King de Slayer ! Comme entrée en matière, on aura rarement vu mieux, et ce n'est pas fini ! Car l'album ne fait que commencer, tout comme la liste des invités, qui force le respect. De la paire Gary Holt/Lee Altus (Exodus) qui gratifie "The Reaver" d'un double solo explosif, aux légendes que sont Jim Durkin (Dark Angel), Andy Larocque (King Diamond) ou encore Hank Shermann (Mercyful Fate et plus récemment aux commandes de Demonica), c'est un véritable who's who du thrash qui s'est rassemblé pour cet album ! Et vous imaginez bien qu'avec de tels cadors, l'ambiance n'est pas à la cueillette des groseilles...
En effet, l'amateur ravi se prend en pleine tronche un festival de riffs tous plus excellents les uns que les autres, avec une diversité qui en impose. On passe ainsi du lourd et lent "The God Who Fell From Earth" au supersonique "Witch Hunter", en passant par les très heavy "Conqueror's Return" et "From Dead To Worse", sans oublier l'énorme "Devil Rides Out" et son riff final à la Pantera, un hymne au headbang ! Le tandem Axe/D'Angelo se montre à l'épreuve des balles, tant sur les parties mid-tempo/groovy qu'en guise d'épine dorsale pour les solis arrachés qui parsèment cet album. L'autre tandem Jensen/Corpse lui aussi assure comme rarement, qu'il s'agisse de riffing pur ou de lead plus ou moins mélodiques, les deux comparses s'en donnent à cœur joie. Enfin, il était légitime de s'inquiéter un peu de l'inclusion de Legion au poste de vocaliste, dont le registre plus extrême aurait pu produire un mélange des plus malheureux... Ce n'est pas le cas, et son growl qui tire plus vers un style death se marie idéalement avec la noirceur des compos, et son coffre retentissant (écoutez un peu le "Waaar" à la fin de "Devil Rides Out" !) fait des merveilles.
Que dire de plus ? Witchery a toutes les chances de sortir de l'anonymat (relatif) auquel son statut de side-project le confinait jusqu'ici. A l'image du premier album de Demonica sorti il y a quelques mois, cet album consacre le retour des "anciens" et le renouveau du thrash, dans une veine très moderne mais qui ne renie pas pour autant ses origines. Puissant, dévastateur même ("Wearer Of Wolf's Skin" !), Witchkrieg fait MAL, très mal, et a tout pour réjouir le métalleux en goguette en ces premières chaleurs pré-estivales. Du très lourd qui doit impérativement faire partie de vos priorités pour peu que vous soyez sensible à ce genre de petite douceur... Probablement une des meilleures sorties métal de l'année, et un des grands albums de thrash de la décennie !