Comme il est de bon ton de déplorer l’absence de recherche mélodique au profit de la technique, l’auditeur ne pourra que saluer l’effort de Lynn Stokes & Sol Surfers, qui nous propose avec "Terra Nocturne", un opus d’une mélodieuse mélancolie. Le sujet de l’album discourt des émotions ressenties lors d’une nuit étrange, un script qui autorise maintes variations sur un registre intimiste.
Un survol rapide pourrait évoquer le côté calme de Pink Floyd : le timbre de Lynn rappelle celui de David Gilmour, le jeu de guitare est volontiers slide, un saxophone tendre se glisse souvent dans les lignes mélodiques, etc... L’utilisation de la flûte complète finement l’orchestration, et le rythme reste constamment tranquille.
La première minute du titre d’ouverture est ce qu’il y a de meilleur dans ce "Terra Nocturne" : l’ambiance est délicatement installée par les entrecroisements de sax et de flûte, pour amener un thème vocal simple mais immédiatement plaisant. Loin des énervements métalloïdes, nous sommes ici dans le domaine de la douceur contenue : plus shuffle que double pédale, plus slide que riff, plus murmure que growl, plus Bisounours que Gremlins. A la longue, ce côté réservé, desservi par une certaine monotonie, mine progressivement l’attention de l’auditeur, qui réclame plus de variations. A l’image d’un "Where Have You Gone" décidément trop soft et vaguement poussiéreux, l’album s’étire sans réellement captiver l’auditeur, l’interprétation restant définitivement coincée dans le même registre plan-plan : "American Dream" parait bien long avec ses 12 minutes sur le même tempo de valse lente, sans aucun changement de tonalité ... mélodique, certes, mais longuet ! Comme l’a dit récemment une célèbre critique musicale, “Trop de barbe- à-papa tue la barbe-à-papa !”. Et ce n’est pas le médiocre "Cross The Barrier" qui clôt l’album avec ses faux-airs de rock et ses vocaux indigents qui viendra effacer cette impression.
La qualité des musiciens (chevronnés) n’est pas en cause ici; leur technique ne saurait de toutes façons être prise en défaut sur des tempos aussi tranquilles, reste une certaine sensibilité, tout à fait présente, mais bien diluée par des compositions trop uniformes : morne plaine...