Si pour les fans de Nightwish, Indica n’est pas une formation inconnue puisqu’elle a assuré la première partie de ses tournées 2007 et 2009 (dont les dates françaises avec Pain) et que sa chanteuse a enregistré avec ses aînés le single Erämaan Viimeinen, version finlandaise du titre « Last of the Wilds, extraits de Dark Passion Play, les autres en revanche n’ont probablement jamais entendu parler de ce groupe pourtant très célèbre aux pays des mille lacs, popularité qui s’est construite depuis 2002 et déjà cinq albums.
Seulement voilà, malgré un contrat avec le géant Sony/BMG, ces cinq demoiselles peinent à faire franchir à leur musique les frontières de leur pays. A cela une raison évidente : le recours au finnois dans un registre, la pop, saupoudrée d’une légère couche de metal, dont la norme demeure l’anglais, freine une reconnaissance internationale qui serait amplement méritée.
Bien décidée à passer à la vitesse supérieure, cette charmante équipe entièrement féminine, ce qui n’est pas (plus) si fréquent, a donc rassemblé tous les atouts dans son corset le lui permettant. Une signature chez Nuclear Blast en constitue un premier, indice également quant à une direction musicale moins facile, plus dure (tout est relatif bien entendu). Abandonner la langue natale pour celle de Shakespeare en est un second. Enfin, faire appel une deuxième fois après Valoissa en 2008, au cerveau de Nightwish, Tuomas Holopainen comme producteur, en constitue un dernier, et pas des moindres.
Agglomérant d’anciens titres réarrangés, A Way Away réunit de fait toutes les chances de son côté pour toucher un public plus large qui devrait être séduit par cette pop glacée que rehaussent quelques guitares assez lourdes et des orchestrations où se lit (trop ? ) clairement la signature de Tuomas. Il suffit d’écouter les néanmoins remarquables « Islands of Light », « As If » ou l’entame de « Children of Frost », pour s’en convaincre. Le mimétisme est troublant et pourra gêner.
S’il a gagné en impact et en accessibilité, Indica paraît donc avoir perdu en identité et en charme peut-être car le chant en finnois loin de rebuter, pouvait séduire, un peu à la manière des Norvégiens de Lumsk, dans un registre ceci dit très différent. C’est dommage car Holopainen avait d'avantage su pour Valoissa préserver la personnalité des jeunes femmes.
Ce bémol mis à part, il convient de reconnaître l’excellence de ce sixième palet de givre. Certes éloignées du metal pur et dur, ces chansons envoûtantes et froides à la fois font rapidement leur trou, grâce à une puissance mélodiques incontestables (« In Passing », « Scissor, Paper, Rock », « Straight and Arrow »…) et à la voix adorable de Jonsu et son accent qui ravisse les sens.
A Way Away est un sans faute dont on ne voit pas comment il ne pourrait pas apporter à ses auteurs le large succès tant convoité. Mais par la suite, il leur faudra peut-être rompre les liens qui les lient à Nightwish, soutien de poids certes mais aussi (légère) entrave à une identité pourtant riche qui se suffit très bien à elle-même. Les albums précédents, tout aussi bons, l'ont prouvé.