L'air de rien, cela fait déjà 13 ans que Sideburn nous assène son Hard-Rock à la sauce australienne en provenance de Suisse. 20 ans si l'on prend en compte sa naissance sous le nom de Genocide. Pourtant, si tout amateur du genre mis en présence de la musique des Helvètes en appréciera le contenu, le quintet emmené par la paire Pierrehumbert / Gudit n'a jamais réussi à atteindre un niveau de reconnaissance dépassant le stade de la simple sympathie envers un combo aussi honnête que sa musique. Pourtant, il se pourrait bien que "Cherry Red" permette enfin à Sideburn de passer au niveau supérieur tant cet album réussit à regrouper tous les éléments nécessaires à une œuvre incontournable du genre.
En effet, si la voix du père Roland est de plus en plus proche de celle d'une légende partageant également avec lui un goût pour une coiffure en peau de fesse, j'ai cité Angry Anderson de Rose Tattoo, l'influence du quintet tatoué voisine avec celles d'autres légendes venant du même pays, à savoir AC/DC et The Angels. En gros et en simplifiant, Sideburn a réussi à savamment mélanger le chant et la rage de Rose Tattoo, la basse mélodique et les chœurs de The Angels, et les riffs et le son de guitare d'AC/DC. Voilà qui n'est pas un mince exploit car nous nous retrouvons face à une œuvre à l'identité affirmée alors que les références précitées nous reviennent sans arrêt à l'esprit. Ajoutez à cela une production à la fois claire et puissante et vous êtes en présence d'un album qui devient incontournable pour peu que vous soyez amateur du pub-rock australien et de ses légendes.
Le quintet suisse va même jusqu'à rajouter une pincée d'Aerosmith, non seulement dans certaines intonations de la voix, mais également dans un "Down And Dirty" en forme de Heavy Blues US doté d'interventions à l'harmonica. Nous citerons également un"Stand Your Ground" final surprenant avec sa structure lourde et tribale, traversé par un bon gros riff blues et de nouvelles interventions d'harmonica. Le reste fait clairement référence à ce qui se fait de mieux en matière de Pub-Hard-Rock, au travers de riff directs et efficaces, de refrains immédiats et facilement mémorisables, et de soli qui sentent les dessous de bras. En dehors d'un "Wild Boy" punkisant typique de Rose Tattoo, les influences du gang d'Angry Anderson se retrouvent au travers d'interventions à la slide ("Lipstick Baby") et de refrains accrocheurs ("Lane"). Celles de The Angels se retrouvent plus sur des titres plus rock tels que l'entraînant "Hurricane Race" ou l'euphorisant "Rock'n'Roll Queen". Enfin, impossible de ne pas citer l'hommage rendu à Bon Scott au travers d'un "Ghost Of 1980 (To Bon Scott)" au riff irrésistible et au solo digne d'Angus, sans jamais tomber dans le plagiat.
Il est donc impossible de citer chaque titre malgré l'injustice que cela représente, tous étant d'une qualité qui mérite que l'on s'y attarde. Alors que les clones se multiplient dans un genre musical qui ne va pas tarder à saturer, Sideburn réussit l'exploit de s'imposer en digérant et assumant parfaitement toutes ses influences pour nous offrir un album à la fois authentique et enthousiasmant. Qu'on se le dise, Krokus n'est plus seul à prêcher la bonne parole du Hard-Rock au sein des sommets alpins.