Ceux qui espéraient peut-être trouver en Diabulus In Musica un hommage à Slayer (en fait c'est sans doute chez Mägo de Oz qu'ils ont trouvé leur patronyme) peuvent d’ors-et-déjà passer leur chemin car il y a peu de chances qu’ils dénichent un quelconque intérêt dans ce modeste groupe espagnol. On peut d'ailleurs se demander, nonobstant certaines qualités sur lesquelles nous reviendrons, comment cette formation a réussi à décrocher un contrat avec le puissant Metal Blade. Plus habitué au Metalcore ou au Death metal, l’écurie cherche-t-elle sans doute à miser elle aussi sur le metal gothico-symphonique à chanteuse, filon que Napalm records ou Nuclear Blast par exemple exploitent depuis longtemps.
Né plus ou moins des cendres du groupe de heavy mélodique Dragon Lord, Diabulus In Musica tend au public avec Secrets sa première carte de visite. Deux options possibles s’offrent à vous pour l’aborder. Soit vous vous contentez d’un joli minois, celui de Zuberoa Aznarez, vitrine d’un metal à la carte qui pioche sans vergogne aussi bien chez Epica (« Come To Paradise », "Ishtar"), Nightwish (« New Era », "Lonely Soul") que chez Therion (« The Forest of Ashes »), soit vous commencez en avoir ras le slip de tous ses suiveurs, aussi professionnels soient-ils et Secrets ne sera pour vous qu’un honnête album « à la manière de ». Sa vraie valeur se situe probablement quelque part entre les deux.
Le jugement peut paraître sévère d’autant plus que les Espagnols maîtrisent leur sujet, lequel repose en grande partie sur les épaules de la jeune femme dont la voix séduisante sait éviter l’écueil de la pompeuse vulgarité. Seulement voilà, venant d’un groupe signé chez un label tel que Metal Blade, on a le droit d’être exigeant.
Pour autant, Diabulus In Musica se déleste d’une poignée de bonnes compos à chercher davantage dans un registre plus extrême (« Lies In Your Eyes », le presque black metal « Beyond Infinity », reposant sur le syndrome de la belle et la bête), lourd (" St Michael’s Nightmare") ou feutré comme sur le très beau « Nocturnal Flowers », aux ambiances sombres magnifiées par le chant de Zuberoa.
Coincé entre les ténors du genre, comment Diabulus In Musica sera-t-il accueilli ? Masterisé par le spécialiste Sascha Paeth, Secrets mérite une note au-dessus de la moyenne car il s’écoute avec plaisir et plaira aux aficionados du metal à chanteuse. Mais quel manque d’originalité, sinon de personnalité...