Le concours de l’Eurovision de la chanson apporte de temps en temps son lot de surprises et, il ne faut pas le cacher, les participants retombent très souvent dans l’anonymat. Tout juste certains arrivent à un succès d’estime et, encore plus rare, d’autres peuvent voir en ce concours une chance très importante. Jane Bogaert, artiste suisse chantant en italien, a tenté sa chance en 2000, terminant à une place honorable. Depuis ? Pas de nouvelles à part ce "5th Dimension" que la belle offre à nos oreilles.
14 titres, pour une cinquantaine de minutes, sont mis à notre disposition auditive pour se pâmer des capacités vocales de Jane qui, dorénavant, utilise la langue de Shakespeare, plus apte à rassembler les foules évoluant aussi dans un style aux frontières de l’AOR. Passé la courte intro, le titre éponyme embarque immédiatement l’auditeur dans une ambiance, soutenue par des guitares acérées, et typée pour une réussite dans les charts, belle réussite qui sera réitérée avec Keep Us Strong et Spaceship où, pour ce dernier, des influences proches d’Asia emballeront les plus obtus.
Jane a aussi de très belles connaissances puisqu’elle réussit à s’adjoindre la complicité de 2 pointures avec Jeff Scott Soto (ex-Journey) et Joe Lynn Turner (Deep Purple, Rainbow), l’un pour un titre lent d’un très beau calibre (Still Be There For Me) et l’autre pour un morceau rythmé très AOR où la comparaison avec Candice Night (Blackmore’s Night) est d’autant plus aisée à faire que le titre fleure bon les références précitées.
Alors, qu’est ce qui peut bien déclencher une pulsion d’achat vers Jane Bogaert ? Sûrement Matters avec sa guitare accrocheuse libérée lors des refrains et son soli final. Pourquoi pas non plus The Lady Needs An Upgrade avec sa longueur propice aux changements de rythmes et son dialogue organe/guitare du milieu de titre. I’m A Rockstar, très ZZTop (La Grange) et ses paroles assez autobiographiques complète un contenu plaisant.
A coté de cela, les nombreux titres lents plombent un peu l’ambiance et ternissent le tableau final, assez prometteur au demeurant. Certes, le duo avec Jeff Scott Soto fait parti du haut du panier, mais il n’est pas suffisant pour relever le niveau où Was Is The Moonlight (par exemple) pourrait atterrir dans ce fameux concours de l’Eurovision tant la mièvrerie frappe à la porte. Dans le même registre Open Your Heart donne dans le mou du genou.
Deux ou trois erreurs de casting donc pour ce premier opus de Jane Bogaert qui aurait pu être le coup parfait si le besoin de remplir la galette n’avait pas été présent. Alors, attention ce "5th Dimension" est tout à fait honorable et peut faire l’objet d’un investissement sûr au regard de la profusion de titres recommandables. Un détail de poids est acquis dorénavant : Jane Bogaert rentre par la grande porte et saura, soyons-en convaincus, adapté le deuxième opus aux auditeurs exigeants que nous sommes. Du bel œuvre tout de même.