Originaire de Louisville, dans le Kentucky, Edgehill Avenue est une formation très peu connue dans nos contrées. En collaboration avec un petit label, le groupe propose donc avec "Rambler" son premier véritable album succédant à un EP sorti en 2007 dont le contenu faisait quelque peu référence à cette nouvelle production datant de 2009.
"Rambler" fait par définition office de véritable carte de visite pour ce groupe qui œuvrait à ses origines dans un contexte orienté vers des ambiances acoustiques. Edgehill Avenue n’en oublie pas cette quintessence sur cet opus car les sonorités tirées d’accords ou d’arpèges émanant d’une guitare sèche à forte caisse de résonance sont réellement ancrés dans la majorité des titres. Mais en parallèle à cette fibre naturelle et continue, la fée électricité demeure quand même, et heureusement, un fil conducteur sous tension qui a le mérite de rendre les soli dispensés par Mike McLaughlin particulièrement chaleureux sous l’effet d’une légère "reverb" et surtout d’un feeling très proche des racines du country-rock américain.
Autre élément de choix meublant avec bonheur les compositions de "Rambler", un claviériste usant du son B3 pour apposer une touche sensuelle et profonde à chaque apparition, aussi bien en soutien rythmique qu’en véritable solo. A ce titre, cet instrument mythique fait naître obligatoirement des vapeurs qui rappellent l’Allman Brothers Band ou même les Black Crowes. Mais Edgehill Avenue se complait dans une atmosphère plus posée et surtout beaucoup plus proche d’artistes ayant fait leur preuve sur le sol US ou dans le monde entier, comme par exemple Tom Petty ou Steve Earle.
Le contenu de "Rambler" a donc beaucoup plus de chance de séduire les amateurs de country rock reposant néanmoins sur des bases solides que les fervents supporters d’un Lynyrd Skynyrd ou autre Molly Hatchet, pour ne citer qu’eux parmi la pléiade de grands groupes dit "du sud", même si certains opèrent leur talent bien loin du sud des Etats-Unis. Edgehill Avenue articule ses morceaux autour de thèmes par toujours optimistes, oscillant entre jolies et douces balades, blues "root" bien senti avec chœurs féminins à l’appui et honky-tonk country traditionnel mais agréable. Pas vraiment d’ennui à l’horizon d’un ciel bleu azur, juste une petite pointe de lassitude lorsque s’enchaînent quelques pistes aux effluves trop tranquilles.
Pourtant, "Rambler" ne manque pas d’un certain charme malgré l’abondance de tempos lents et de mélodies tranquilles, cependant interprétés dans un contexte assez sobre et toujours harmonieux. La dernière plage de l’album, en version "radio edit", en dit long sur un savoir-faire et une volonté qui s’avère palpables tout au long de l'écoute de cette galette. Edgehill Avenue sait transporter l’auditeur d’un bar enfumé à un endroit plus insolite bien que fort à propos comme prouvé par la vidéo, pour faire partager sa musique que tout aficionado d'un type de rock reposant avant tout sur les valeurs du folklore américain est en mesure d’apprécier à sa juste valeur.