Certains font de la musique par goût et s’engagent librement dans le style de musique qui leur convient. D’autres n’ont pas le choix ! Au pays de Céline Dion, il fallait un contre-pouvoir, que n’ont pu apporter Saga, Honeymoon Suite ou Felix Leclerc. Cette fois, ce sont donc les Canadiens d’Omega Crom qui tentent le punch, pardon le putsch, mais avec punch, et ils ont des arguments ! Même pas peur, leur nom trouve apparemment son origine dans le film un peu cul culte « Conan Le Barbare »; Crom étant le dieu du Métal. On leur souhaite déjà bonne chance !
Au pays des caribous et des tabernacles, rien ne les destinait à cet assaut désespéré, et pourtant. Et pourtant, ils ont joliment préparé leur coup ! Formés en 2002, petite démo en 2003, ils débarquent après 8 ans de tergiversations avec le bien nommé « Blood Steel and Fire ». Bien nommé, mais pas avantagé, le concours pour la pochette la plus laide de l'année étant ouvert !
Oscillant dans un style vigoureux (écoutez le titre d’entrée « Battlefield », une tuerie!), entre le thrash et le power metal, les compositions sont agréablement variées (pas deux tempos les mêmes), ménageant surprises et pièges, tant au niveau de la musique, des vocaux que de la structure des compos. Il y a de nombreux breaks, des bridges inattendus, mais aussi des ponts et des tunnels imprévus, qui vous emmènent là où vous ne voudriez pas toujours aller. Power prog, le mot est lâché, mais il y a incontestablement des éléments progressifs dans cette musique (« The Passing Of Azazel », « Metal Revolution »), tant mieux car ils sont bien intégrés.
Les vocaux sont très travaillés et variés ; voix éraillée, parfois limite death, contrastant avec certains passages clairs et plus souvent, allant jusqu’à l’extrême falsetto. Ils passent ainsi aisément, de Rob Halford à King Diamond, ou pire, à devinez qui, Céline Dion!
Si ce type de vocalises apporte une certaine originalité que la musique ne nécessite même pas, avouons-le, il faut pouvoir les digérer. Quand la composition est complexe, bien emmenée, ils passent bien et participent à l’ambiance, comme dans le superbe « The Passing Of Azazel ». S’ils sont mal distillés, le titre en sera alourdi et fera fuir une partie des auditeurs; une corde vocale à double tranchant!
Par contre, si vocalement, Johnny K en fait des tonnes, cela semble libérer les instrumentistes qui jouent et expérimentent sans complexe. Soli et riffs de guitare incongrus sont distribués avec générosité, et les coups de basse sous la ceinture sont fréquents, Ian Wilcke n’hésitant pas à torturer ses cordes. Le batteur, par contre, semble parfois à la ramasse à tenter de suivre cette inventivité parfois trop débridée, mais il assure.
Inconnu au bataillon jusque là, Omega Crom marque ici un bon coup en proposant une musique brute d’ampli, sans calcul, dont les excès en font la qualité et vice-versa. A écouter!