Depuis 1989 et le premier album d’Extreme, jamais un live n’avait été proposé par le groupe. Plus de vingt ans sans témoignage, quasi-inexistence des bootlegs, et seulement quelques vidéos de clip à se repasser en boucle. C’est l’annonce du retour des Américains courant 2008 qui redonna l’espoir aux fans. Son intégration au label italien Frontiers fut la dernière nouvelle qui consolida notre optimisme. Et début mai 2010 Take Us Alive sortait… Les quatre américains ne pouvaient pas enregistrer ce DVD ailleurs qu’à la maison, et c’est donc le 8 août 2009 au House Of Blues de Boston que fut joué ce concert.
Extreme a choisi de piocher dans ses cinq albums avec une légère préférence pour l’album le plus populaire Pornograffitti et le dernier Saudades De Rock. Le line-up est celui qui a enregistré Saudades De Rock c’est-à-dire avec Kevin Figueiredo à la batterie. Pas ou peu de surprise à noter sur le contenu du DVD, seulement un gros plaisir de pouvoir visionner enfin un live d’Extreme.
C’est "Decadence Dance" qui ouvre les réjouissances dans une ambiance chauffée à blanc. L’image est nette et le son est très bon. Première constatation : Gary Cherone s’en sort parfaitement, même sur les morceaux les plus anciens, et il reste le frontman extraverti qu’il a toujours été. La complicité entre les musiciens ne semble jamais avoir souffert d’une séparation de plus de dix ans et c’est très agréable de voir un collectif aussi soudé sur scène. Nuno Bettencourt est écœurant de maitrise, exécutant des soli d’une difficulté extrême avec une parfaite décontraction (le solo de "It(’s A Monster)"). On n’a pas assez mis en valeur la performance de Pat Badger au sein de ce groupe, et ce live rend au moins hommage à ce musicien discret et terriblement efficace tant à la basse qu’aux chœurs. Kevin Figueiredo est un batteur besogneux qui s’évertue à faire groover les compositions rythmées d’Extreme avec réussite. Nous pourrons toujours regretter le choix de certains morceaux (pourquoi ce "More Than Words" qui n’a plus aucun intérêt-qui dans l’assistance attend ce morceau ?) et se réjouir de morceaux que l’on n’espérait même pas voir joué en live après tant d’années (le medley piochant dans le tout premier album). Aussi bizarrement que cela puisse paraître, ce sont les plus vieux morceaux qui passent le mieux l’épreuve du live, et les quatre titres du dernier album ne font pas l’unanimité (hormis "Take Us Alive").
Parmi les pépites citons la version magistrale de "Am I Ever Gonna Change", "It(‘s A Monster)", "Cupid’s Dead" taillé pour le live, et "Get The Funk Out", ainsi que les bonnes surprises avec "Tell Me Something I Don’t Know" qui prend une nouvelle dimension en concert. Les autres moments du concert sont moins mémorables : la version de "Midnight Express" est bien moins captée que celle du concert Guitar Wars (le bruit du frottement des doigts sur les cordes parasite l’écoute), "Ghost" vient plomber l’ambiance (le clavier caché par un coffrage créant l’illusion du piano acoustique est un peu ridicule), et "Flight Of The Wounded Bumblebee" n’a pas de sens sans l’excellente chanson "He-Man Woman Hater" qu’il introduit.
Pour une première captation live, Extreme s’en sort bien, mais le choix des titres sera bien moins toléré dans un prochain DVD. Le bonheur est tellement grand devant un tel spectacle que nous oblitérerons les points négatifs. Parmi les bonus, Extreme n’a pas été généreux. Seuls quatre clips un peu cheap ("Interface") viennent rassasier le glouton. Nous aurions apprécié un reportage dans les coulisses pour au moins raconter les retrouvailles du groupe… En attendant un prochain album studio Take Us Alive est un beau cadeau que le groupe nous offre en guise de retour. Espérons qu’il sera le premier d’une longue série.