CzAr n’aura pas attendu longtemps avant de donner une suite à son deuxième album. En 2008 sortait Depth Or Intensity et 2010 voit la réalisation de Cannibal Pulsar. L’album chroniqué sur Music Waves, A Charming Fragment, était une compilation des deux premiers albums et le sentiment général qui en ressortait était un potentiel important mais une direction musicale à affiner. Nous vous avions promis de vous tenir en alerte au prochain cri d’Anthony Azoulay, et nous tenons parole. Mais le cri s’avère moins transperçant que nous aurions pu le penser : CzAr s’est assagi et son propos s’est recentré…
Assagi car la tendance est clairement acoustique pour ce nouvel album. Les incursions électriques sont moins présentes. Ce qui ne veut pas dire que CzAr a pour autant perdu l’énergie qui le caractérise. Recentré, car la musique de CzAr est plus ramassée avec une meilleure cohérence dans les morceaux. Il existe toujours cette fraicheur propre au punk mais les ambiances se succèdent avec moins de brisures. Plusieurs nouveautés au sein de CzAr : un line-up remanié avec le départ du batteur. C’est Gerome Hourriez qui tient la basse et Anthony Azoulay qui occupe toutes les autres fonctions du groupe. Et parmi les points positifs, citons la production qui n’a plus rien à voir avec les anciennes productions du groupe. Le professionnalisme se fait sentir avec Cannibal Pulsar, et c’est un énorme service rendu à l’âpreté des compositions. Nous avions en son temps donné quelques références qui permettaient de rapprocher la musique de CzAr avec d’autres groupes. Nous rajouterons Echobrain pour le côté acoustique de cet album ("Fire Resistive", "Married Man" et "Eke Out A Living").
Le chant d’Anthony est mieux positionné (cela tient-il à la production ?) et son organe lui permet d’entrevoir toujours autant de possibilités : du clair bien adapté aux séquences acoustiques, aux cris qui font un peu sa marque de fabrique (la fin de "Eke Out A Living"). Gerome tient une place prépondérante à la basse ("Fire Resistive") et aux chœurs ("Low High"). La musique de CzAr résiste aux modes et son rock alternatif à la limite du punk est enrichi de violons qui donnent une coloration mélancolique sur "Fire Resistive" et "Married Man".
Même si les titres sont courts, de nombreux détails sont à signaler et à disséquer. Au milieu de l’énergie qui transpire dans ce disque coexistent des passages qui suspendent l’attention de l’auditeur (la basse de fin de "Fire Resistive" notamment). Un peu plus de trente minutes pour Cannibal Pulsar mais tellement de matériel et d’énergie que l’on croirait écouter le double. Les moments les plus intéressants de l’album sont la bouleversante montée en puissance du chant sur "Eke Out A Living" que n’aurait pas renié Oceansize (peut être le meilleur morceau de l’album), le refrain tout en contraste de "Few Days", les cassures rythmiques de "Facts Are Against Me" ou le piano de "Saturated Colours Fresco".
CzAr a progressé et Cannibal Pulsar en est la preuve. Les compositions sont dans la droite ligne des précédents albums du groupe avec une composante plus variée du son (les guitares notamment), amplifiée par un parti pris plus acoustique. La production est aussi un élément de progression indéniable de cet album. Si vous avez aimé le CzAr de Depth Or Intensity vous adorerez le CzAr de Cannibal Pulsar. Un CzAr plus dans la nuance et dans la mélodie mais sans renier son énergie vitale qui semble inépuisable. Il n’y a guère que la durée de l’album qui nous empêche de mettre un demi-point de plus à cet album.