Il y a des fois comme ça où un album ne nous parle pas du tout. Des fois où l’ensemble est d’une telle tristesse, qu’il est difficile d’en parler ! C’est là tout le problème qui semble graviter autour de ce "Club Ninja". Il est tellement creux, vide, que les bras nous en tombent. Si ce dernier avait disparu dans un vieux tiroir au lieu d’être publié, les fans auraient certes perdu deux titres valables, et présents sur les best-of les plus étoffés, mais n’auraient pas eu à rougir si jamais une de leurs connaissances venaient avec beaucoup de chance à en trouver un exemplaire sur le commerce, les narguant de supporter un groupe osant sortir de telles productions.
Les deux titres à sauver ici sont "Dancin’ In The Ruins", un Rock FM très 80’s qui fait figure de hit dans cette triste collection (c’est dire !), et la doucereuse "Perfect Water" que parvient péniblement à maintenir à flot la voix spectrale et les arpèges de Buck.
Par contre, il y a des jours où il serait préférable de tenter l'ascension de l’Everest en poussant une cacahuète avec le nez plutôt que d'avoir à se farcir les titres restants. "Make Rock Not War" est navrant, "Beat'em Up" faussement méchant, et "When The War Comes", la seule compo d’un Bouchard sur le départ ne possède pas un centième de la folie qui caractérisait son talent passé. Dieu que c’est triste ! Nous savions le groupe dans une mauvaise passe (essoufflement, éloignement de son terrain de prédilection, dislocation du noyau dur…) et cet album le confirme aisément.
De la classe de Blue Öyster Cult, géniteur d’albums entrés dans la légende comme "Secret Treaties" ou "Fire Of Unknowm Origin", on ne trouve rien ici. Les claviers de Lanier nous manquent, le jeu d’Albert Bouchard également, et Buck Dharma et Eric Bloom semblent à peine l’ombre d’eux-mêmes. "Club Ninja" (mais qui a trouvé ce titre si ce n’est le responsable du méfait de l’artwork ?) est, en ce monde, le symbole le plus marquant de l’expression le creux de la vague. A éviter de toute urgence !