Après 6 ans d'un silence presque parfait, les vétérans du thrash brésilien sont de retour avec leur cinquième album studio, "Discipline Of Hate". Bien moins connu que Sepultura ou Soulfly, Korzus existe pourtant depuis 1983. Malheureusement pour lui, le groupe de Sao Paulo n'a jamais pu gagner la notoriété internationale de ses compatriotes. Il faut dire qu'une distribution et une promotion avant tout nationales et seulement 5 malheureux petits albums en 27 années d'existence (soit une moyenne d'un album tous les cinq ans) sont les principaux facteurs expliquant cette méconnaissance du groupe par le public.
C'est donc avec en poche un contrat de distribution pour l'Europe signé avec AFM que les Brésiliens comptent bien changer la donne et acquérir une petite renommée sur le vieux continent avec leur tout nouvel opus. Korzus pratique un thrash qui, contrairement à celui de son compatriote Violator, ne peut pas vraiment être qualifié de "old-school". Pourtant il s'avère ultra-classique dans la forme et le fond. Classique, mais pas dans le sens péjoratif du terme, car Korzus, animé par des vétérans du genre, sait enrichir d'un petit plus ses gammes qu'il connaît sur le bout des doigts.
Voilà à coup sûr un disque qui risque de satisfaire les amateurs des maîtres du thrash, tellement ce "Discipline Of Hate", à défaut d'en regorger, dégorge de riffs "slayeriens". Même la voix et surtout le chant font parfois fortement penser à Tom Araya. En effet, à l’écoute de titres comme "Hell", "My Enemy" ou "You Reap What You Sow", il est presque impossible de ne pas penser au gang de Kerry King. Korzus est même engagé dans un mimétisme total avec le groupe américain sur le titre "Slavery", qu'il faut appréhender plus comme un hommage qu'un pompage en règle.
Il ne faudrait pourtant pas réduire Korzus à un simple ersatz de Slayer, car les Brésiliens ne sont pas qu'une pâle copie des maîtres. A l'instar des teutons de Dew-Scented, ils offrent un thrash racé et d’une indéniable efficacité avec des compositions aux riffs acérés et plutôt inspirés comme "Truth", "2012" ou "Under His Command". Le groupe y va même de ses chœurs minimalistes fédérateurs et plutôt accrocheurs sur des titres comme "Truth" ou "Never Die".
Même si au final ce disque s’avère sans grande surprise et manque à l'évidence d'une propre personnalité, ce "Discipline Of Hate" n'en est pas moins globalement délectable et s'écoute avec un incontestable plaisir. En effet, ce n’est pas à de vieux singes qu’on apprend à faire des grimaces et avec ce nouvel opus, Korzus signe un retour qui, finalement, fait un grand bien par où il passe.