Aussi bizarre que cela puisse paraître, Music Waves n'avait encore publié aucune chronique d'album d'Annihilator. Pourtant, les admirateurs de Jeff Waters, seul véritable guitar-hero du thrash métal (cela n'engage que moi), ne manquent pas au sein de notre rédaction. La sortie du tout nouvel album éponyme du groupe canadien est l'occasion de réparer cette injustice. Et comme on dit souvent à cette occasion: mieux vaut tard que jamais ! .
Qu'est-ce qui ressemble le plus à un album d'Annihilator, si ce n'est un album d'Annihilator ?!! Le métalleux attentif ne peut nier l'évidence : il existe une incontestable et reconnaissable "patte" Jeff Waters. De là à dire que tous les albums de celui qui fait figure d'icône, de guitar hero du thrash métal, se ressemblent tous, il ne faudrait quand même pas divaguer dans l'absurde. Car même si le maître du riff bien thrash est engoncé dans un certain style, il faut bien admettre, qu'album après album, il sait nous surprendre plus souvent agréablement que l’inverse.
Cet album éponyme porte bien son nom, car ce nouvel opus scelle quelque peu une sorte de retour aux sources de cette époque où la plupart des thrasheurs en herbe ne juraient que par Annihilator. Et à force de rabâcher à Jeff Waters que cet album s'inscrit dans la lignée d’un "Alice In Hell" et surtout d’un "Never, Neverland", album étalon du groupe, ce dernier a fini par y croire. Il faut dire que ce nouvel album débute par un morceau d'anthologie, "The Trend", qui n'est pas sans rappeler les qualités d'un "The Fun Palace", d'un "Sixes And Senses" ou bien même d'un "Alice In Hell". Ce titre est une petite merveille de riffs, de mélodies et de soli de guitare. Du très très grand Jeff Waters. Suivent, pour la première fois sur un album d'Annihilator, non pas un, mais deux titres hyper speed, "Coward" et "Ambush", qui dévastent tout sur leur passage.
Le début de cet album est tout simplement renversant. Ensuite les titres s'égrènent sans ramollir mais sont, dans l’ensemble, moins rentre-dedans, même si le tout reste bien enragé notamment grâce au chant agressif de Dave Padden. Quant à Jeff Waters, il s’en donne vraiment à cœur-joie, que cela soit avec sa six-corde ("The Other Side" ou "Death In Your Eyes") ou à la basse ("25 seconds" et "Nowhere To Go"). Il est indéniable que l'alchimie qui a opéré entre Jeff Waters et Dave Padden depuis 2003 devait aboutir un jour ou l'autre sur un album libéré, plus inspiré et moins conventionnel par exemple que "Métal", le précédent opus du groupe.
Dans ce nouvel album, Jeff Waters se lâche véritablement avec, comme l'indique le sticker collé sur le disque, plus un clin d’œil qu’un réel argument de vente, pas moins de 66 soli de guitare. Le Canadien semble avoir été particulièrement inspiré et ce disque transpire le plaisir et la rage de jouer. Pour preuve, cette reprise finale décalée de "Romeo Delights" de Van Halen, tout simplement étonnante et excellente. Cette reprise sous amphétamine n'est pas sans rappeler certaines très bonnes divagations watersiennes proposées par Annihilator sur l'album "Carnival Diablos" avec un titre comme "Shallow Grave" par exemple.
Sorte de retour à une inspiration débridée, ce nouvel album éponyme s'inscrit de fait dans la continuité naturelle d'un "All For You" et d’un "Schizo Deluxe" plus qu’un "Never, Neverland". Et si la comparaison avec le deuxième opus du groupe peut sembler se justifier à l’écoute d’un titre comme "The Trend", elle s’arrête véritablement à ce seul titre. Ce "Annihilator" se révèle faire partie des meilleures productions du groupe et on ne peut qu'être d’accord avec Jeff Waters lorsque celui-ci considère ce disque comme un des meilleurs disques de son groupe. Ca en fait juste un de plus et déjà beaucoup.