La tâche de chroniqueur a cela de formidable, à savoir que noyées dans un monticule de nouveautés pas vraiment inoubliables se cachent des pépites insoupçonnées… "Remorses To Remember" en fait résolument partie ! De primes abords, avouez qu’une autoproduction, certes en provenance de la prodigue Finlande, n’avait rien du joyau incontournable ! Non, rien ne laissait supposer ce qui allait venir; même pas l’entame de nature à conclure trop vite que "Remorses To Remember" est un énième album de death mélodique copié sur le modèle scandinave en vigueur. Fort heureusement, et passées ces premières notes introductives, tous ces à priori négatifs sont balayés d’un revers de guitare pour nous embarquer dans les méandres d’un death progressif mélancolique.
Les sept titres en présence s’avèrent être une combinaison exaltante pour tout amateur du genre popularisé par Opeth… Le nom est lancé ! En effet, si "Remorses To Remember" peut provoquer un enthousiasme certain, il ne brille pas forcément par son originalité. La recette clair-obscur de "Remorses To Remember" est sans conteste inspirée de la bande à Akerfeld, toute période confondue. "Atonement" évoquera tantôt "Deliverance" en raison de son riff hypnotique et sa batterie infinie, tantôt "Watershed" avec ses claviers envoûtant typé 70’s. Le riff et le break de "Temptation For Hate" évoquent clairement "Stiff Life" et plus précisément "Serenity Painted Death". "Calm", comme son nom l’indique, s’apparente au côté clair de leur art à la façon d’un "Damnation". "Grand Desilusion" lorgne du côté de "Grand Conjuration"…
Mais que tous ceux qui honnissent les simples copies de leader/créateur de genre se rassurent: Pressure Points ne se cantonne pas à faire un simple copier/coller d’Opeth. Et si les growls de Kari Olli ne manqueront pas de rappeler ceux de Mikael Akerfeld, son chant clair est loin des différentes évolutions vocales du leader d’Opeth. Cette démarcation ne se cantonne pas seulement à la performance du vocaliste et Pressures Points se fait fort de le justifier tout le long des cinquante trois minutes que constituent cet album. En effet, les breaks instrumentaux de "Out Of Sync" ou "The Past Within" ont tout du métal progressif d’un Dream Theater qui flirteraient avec la démence inspirée de Riverside version "Anno Domini High Definition" et qui atteindrait son paroxysme sur le final apocalyptique de "The Past Within" que n’aurait pas renié Oceans Of Sadness. Quant à certains passages de "Grand Delusion", ils pourront rappeler Gojira, notamment au travers de ces harmoniques entêtantes…
Bref, si l’inspiration Opeth ne peut être reniée, Pressure Points arrive malgré tout à faire du… Pressure Points, ce qui reste un exploit tant l’ombre du géant Opeth phagocyte tous les groupes osant s’aventurer dans le genre death progressif ! Le combo finlandais arrive à ses fins émotionnelles, érigées sur de solides fondations clair-obscur typiques, avec des envolées métal prog qui se greffent, atteignant leur paroxysme sur des finals étourdissants permettant ainsi au combo de s’exonérer un poil d’une trop lourde étiquette à porter.
Quand je vous disais que cette tâche de chroniqueur avait cette incroyable particularité de pouvoir découvrir et faire découvrir à nos lecteurs des bijoux rares et insoupçonnables. "Remorses To Remember" en est résolument un, et il faut s’attendre à ce que nous entendions parler de Pressure Points dans un avenir proche, surtout si un label se décide à signer et à promouvoir ce combo à la hauteur de son talent…