Comme tous les styles musicaux, il est possible d'aborder le rock progressif essentiellement de deux façons différentes : soit on joue ce que l'on a envie de jouer, avec ses tripes, sans se poser de questions, et on s'aperçoit ensuite seulement que le résultat obtenu est du rock progressif ; soit on décide de faire du rock progressif en se disant que c'est aussi bien qu'autre chose et on applique à la lettre les règles de base des pionniers de ce style. C'est cette dernière méthode que Zen Rock And Roll a choisie.
En effet, si un coup d'œil rapide sur la pochette de l'album donne un bon à-priori, ainsi d'ailleurs que la première écoute, les écoutes plus approfondies sont assez loin de confirmer ces premières observations.
Sans entrer dans le débat désormais éternel visant à donner une liste exhaustive des caractéristiques de notre style favori, admettons qu'il est beaucoup trop évident que Zen Rock And Roll applique à la lettre les recettes éculées afin de se faire passer pour le digne successeur de Genesis. Tout y est : flûte traversière à outrance, voix caractéristique des années 70's, mellotron et morceaux extrêmement longs, comme si ce qui n'était pas long ne pouvait pas être progressif.
Le problème est que lorsque le peu que l'on a à raconter tient en 5 minutes, l'étendre sur un quart d'heure s'avère au mieux lassant pour l'auditeur et peut, au pire, passer pour la confession d'un manque flagrant d'inspiration.
Et c'est bien là le travers de End Of The Age : le premier morceau commence assez bien, mis à part ce sentiment d'une production beaucoup trop typée année 70's et faisant bien pâle figure devant les productions parfaites auxquelles nous avons de plus en plus souvent droit. Mais l'introduction s'éternise avant d'entrer dans le vif du sujet et lorsque cette entrée arrive enfin, c'est pour décliner les deux mêmes motifs musicaux et rythmiques sur tout le reste du morceau.
Que dire ensuite des deux morceaux suivants, si ce n'est qu'ils sont bâtis exactement sur le même schéma que les deux précédents, et vous laisseront avec le sentiment que vous auriez pu obtenir le même plaisir sans vous ennuyer une seconde si l'ensemble avait durer 20 minutes au lieu de 45.
Même les dingues de technique s'intéressant plus à la virtuosité qu'à l'inspiration ne trouveront pas leur bonheur puisque ce "groupe" est en fait composé d'un seul musicien, qui n'a donc pas poussé la maîtrise d'un instrument jusqu'à devenir un nouveau modèle pour ses fans. De ce fait, aucune claque technique ne viendra compenser cette platitude musicale désespérément constante.
Certes sympathique un moment, voilà le type même de l'album jetable : on ne regrette pas son achat car il sert un peu mais au bout d'un moment, il n'est plus guère utile et nécessite d'être rapidement remplacé par autre chose de nettement plus intéressant, à savoir n'importe lequel des premiers Genesis, justement…