Comment encore y croire pour le fan de Gamma Ray à l’annonce de ce 10ème album studio… Comment y croire après presque une décennie de déception, d’un Majestic banal à un Land Of The Free II indigne du groupe et de son histoire en passant par un No World Order rébarbatif. Même les fans les plus acharnés commencent à se demander si Kai Hansen, le maître du speed métal mélodique, et son groupe pourront un jour revenir ou du moins se rapprocher de l’excellence qui était la leur dans les années 90.
Car ce To The Metal a semble t-il tout pour n’être qu’une déception de plus. Le titre du disque est bateau, la pochette est, à l’image de celle de l’album précèdent, un véritable cliché qui plus est bien trop coloré et la découverte du titre éponyme de l’album quelques semaines avant la sortie de l’album, n’a fait que confirmer certaines craintes. En effet, Si « To The Metal » se veut être un hymne simple et direct, l’ombre de Judas Priest et du morceau Metal Gods, plane une fois de plus sur un titre certes sympathique et entrainant mais bien trop proche du géant Anglais pour convaincre.
Et pourtant alors que l’on n’y croyait plus, un petit miracle s’est réalisé. Tel un grand blessé qui refuse de se rendre, Gamma Ray a retrouvé en grande partie sa splendeur passée avec ce très bon petit album, loin des errements du passé et autres inspirations trop mises en avant. Au final le titre To The Metal n’est que l’arbre qui cache une belle forêt avec nombre de bonnes compositions comme le groupe n’en avait pas produites depuis des années.
D’entrée « Empathy » s’impose comme un excellent morceau. Composé par Kai Hansen, à la fois mélodique et épique, le titre monte doucement en puissance avec un Hansen qui a retrouvé toute sa classe au chant. De plus le morceau propose un pré refrain et un refrain de grande qualité et des soli efficaces, la paire de guitariste ayant complètement retrouvé l’inspiration. S’enchaine alors le très bon All you Need to Know, titre speed, à la fois frais et efficace avec l’intervention de Michael Kiske sur le refrain. Notre homme est toujours aussi bon pour ce genre de refrain mélodique et rapide. Et on prend beaucoup de plaisir, tout comme on sent que Gamma Ray en prend à le jouer, sur cette chanson taillée pour cartonner en concert.
Cette bonne impression continue avec « Time To Live », autre bombe de heavy speed métal au refrain imparable et très bien amené. Avec ce titre l’excellent Henjo Richter montre qu’il sait encore composer des hymnes instantanés dans la grande tradition du heavy métal germanique avec de plus un excellent break aux claviers sur la fin qui enfonce le clou.
Par la suite et à l’exception donc de « To The Metal », l’album alterne très bons titres et titres moins imparables qui se laissent cependant écouter sans déplaisir tels « Rise », composition ultra classique du groupe et maintes fois entendu dans le passé ou « Mother Angel », typique de l’écriture de Kai Hansen.
On retrouve de l’efficacité avec « Shine Forever » qui fait plaisir à entendre dans laquelle le bassiste Dirk Schlächter retrouve de sa superbe à la composition et fait une belle place à son instrument. Et notre homme signe aussi la ballade l’album, « No Need to Cry », en hommage à son père. Même si Gamma Ray a déjà fait mieux dans le genre, on appréciera le titre particulièrement émouvant et renvoyant pas mal à Queen par certains aspects musicaux.
Enfin on se fera plaisir avec « Deadlands » et « Chasing Shadows », la première comportant de très bonnes lignes de chant et la seconde montant doucement en puissance pour atterrir sur un excellent refrain et présentant encore une fois à une belle prise d’armes entre les deux guitaristes.
« To The Metal » est donc une très bonne surprise qui fait vite oublier ses défauts et son titre éponyme et qui permet de se replonger avec plaisir dans le speed métal mélodique tel que Gamma Ray ne l’avait plus pratiqué depuis Powerplant. Et même s’il reste du chemin à faire pour complètement revenir au niveau passé, on peut dire clairement que ce disque est bien l’album de la renaissance du groupe allemand… En espérant qu’il ne soit pas juste un chant du cygne.