"Strange Highways" avait montré un Ronnie James Dio et son groupe un peu perdus face à la nouvelle génération et au défi d’entrer dans une nouvelle décennie musicale. L’album sonnait inutilement moderne et sombre, bien loin des critères de qualité montrés par celui qui était encore la grande voix du métal quelques années auparavant. Le scepticisme est donc très fort en 1996 à l’arrivée de ce 7ème disque. Le line-up reste inchangé et nous ne noterons que l’arrivée de Scott Warren aux claviers. On voit mal comment Dio, avec cette même équipe, pourrait enfin se relever et sortir de la médiocrité dans laquelle il est enfoncé depuis quelques années. Et malheureusement, "Angry Machines" va s’avérer être de loin le pire album tout groupes et toutes périodes confondues du lutin anglais.
Loin de sortir du schéma initié avec "Strange Highways", notre homme va s’y enfoncer complètement, oubliant même les quelques bons côtés que comportait son prédécesseur pour ne garder que le mauvais, le lourdingue et au final l’ennui profond quasiment tout au long des 11 pistes de ce nouvel opus. Il devient clair que l’équipe réunie n’est pas à la hauteur. Le son moderne et sombre de Tracy G à la guitare est particulièrement pénible à supporter et l’aspect moderne et méchant que veux se donner Dio est même assez ridicule, là où nous attendrions plutôt un voyage mélodique. Le fait que G ait participé à la composition de la plupart des titres n’arrange rien, son style n’étant pas adapté à Dio, ce qui contribue au marasme général. Au final, il ne reste pratiquement rien à sauver de cette galette que même le fan le plus endurci n’aurait sans doute jamais voulu entendre. Nous avons droit à nombre de titres faibles, voire même carrément mauvais, que même la voix de Dio ne peut sauver. D’ailleurs, même notre homme délivre une prestation moyenne, comme s'il n’y croyait guère. Le constat parait certes sévère mais il est cruellement justifié.
Car dès le départ, et un "Institutional Man" lourd et peu inspiré, sorte de mauvaise copie de Black Sabbath, les affaires sont bien mal engagées. Et cette impression se confirme rapidement avec un enchaînement difficile à avaler en milieu d’album, du très long "Stay Out Of My Mind" à "Big Sister", en passant par "Double Monday" et "Dying In America" sur lesquels on touche carrément le fond. Le premier est handicapé par un clavier voulant sonner sombre, mais sonnant juste cacophonique au milieu d’un titre qui n’en finit pas. Les titres suivants donnent dans un mauvais heavy, avec un son et des riffs de guitare à oublier très rapidement, alors que la batterie s’avère pénible à supporter. Enfin, "Dying In America" sonne encore comme du mauvais Sabbath, ne gardant que l’aspect lourd sans trouver l’aspect lyrique. Pour finir, "Black" et "God Hates Heavy Metal" achèvent l’auditeur, montrant même un chant moyen sur une musique de très faible qualité, "Black" étant même, malgré sa courte durée, pénible à achever, faute à un refrain abominable.
Au milieu de ce marasme général, il ne reste donc pas grand-chose, et ce qui est écoutable ne l’est uniquement que grâce à la faiblesse des autres titres. Ainsi, la ballade "This Is Your Life" se laisse apprécier et fait du bien après tant de heavy bas de gamme, alors que seul "Golden Rules" rappelle un peu le glorieux passé de Dio avec sa jolie mélodie d’introduction et un ton général moins lourd. Cependant, si ce titre se supporte dans le contexte de "Angry Machines", il ne pèse pas grand-chose comparé aux grands titres des débuts. Nous retiendrons "Don’t Tell The Kids", titre lui aussi moins heavy et bénéficiant de guitares plus mélodiques sur un ton plus speed, le tout présentant un refrain sympathique, certainement le seul réussi de l’album.
"Angry Machines" est donc un naufrage quasi intégral, et probablement le plus mauvais album de Dio. Il apparaît complètement largué par la concurrence qu’elle soit récente ou ancienne, et l'on peut se demander à son écoute si l’ami Ronnie saura se relever de ce terrible échec et rebondir, ou bien si notre homme n’est pas proche d’une retraite musicale bien méritée après déjà presque 40 ans de carrière.