La pièce de 25 mn est un exercice de style auquel tous les groupes de prog' se sont essayés. "Tarkus" est le titre d'un album et aussi d'une odyssée qui remplissait une face entière du vinyle original : quel est le résultat de la suite version ELP ?
Une réussite. Emerson Lake & Palmer ne sont pas des débutants, et leur second album est le théâtre d'un imposant opéra de 7 mouvements. Au rythme de l'orgue hammond le plus brûlant du monde, de la batterie la plus folle, et de la basse la plus présente, ELP raconte l'histoire de l'éveil du Tarkus, un monstre terrorisant finalement vaincu par une autre créature, le Manticore.
Au programme, trois mouvements chantés, entre émotion jazz et hymne héroïque, et quatre mouvements instrumentaux teintés de la virtuosité des trois interprètes. Le tout avec une reprise de thème impériale, pour donner à cette suite imposante un aspect encore plus grandiose. L'emphase, c'est ce qui caractérise le mieux cet album. Mais il s'agit bien d'emphase, et pas d'excès.
Le reste de l'album, plus prévisible, reprend des thèmes chers à ELP que l'on retrouve au détour de tous leurs albums : un petit coup de rockabilly ("Are you ready Eddy ?"), une reprise d'un thème classique adapté en prog' ("The only way" partiellement issu de Bach), et cet éternel mélange de mélodies sensibles et de rythmiques free-jazz unies dans la virtuosité.
En bref, "Tarkus" est l'un des albums les plus caractéristiques d'un trio génial, et l'un des piliers de sa grande époque. A ne pas manquer.