Album unique d’une formation unique, sorti en 2002 et produit par Terry Bozzio lui-même "Nine Short Films" est un album assez étrange et atypique. Pour autant et par là-même, il mérite le détour.
Ses dix titres sont battis comme autant de courts métrages par une complexe mais unique section rythmique. Billy Sheehan (Talas, David Lee Roth, Mr.Big, Niacin, Steve Vai…), bassiste émérite, déploie un sacré éventail de basse, aux sons tous plus impressionnants les uns que les autres et auxquels il ajoute de-ci de-là, une guitare baritone et se flanque même d’un solo de gratte sur « Edge Of A Circle ».
De son côté, Terry Bozzio (Steve Stevens, Tony Levin, Warren Cucurullo, Frank et Dweezil Zappa), batteur aussi célèbre que son compère, déballe toute une série de percussions diverses autour de son kit de batterie. Frôlant parfois l’étalage du genre : « J’ai fait le tour du monde et j’ai ramené des trucs que vous n’avez jamais entendus », il ne tombe heureusement jamais dans la démonstration masturbatoire. Cette jolie palette d’instruments contribue à l’ambiance oppressante d’un « Live By The Gun » garnie d’un break impressionnant, explosive d’un « Black Wisdom » malsain et bruyant, ou lancinante d’un « One More Winter ».
Pour parfaire ces curieux « films sonores », il faut ajouter qu’hormis deux titres instrumentaux (le très bon « Sun-Continent » aux allures de voyage ethnique dans lequel Sheehan improvise sur plus de 7 minutes et le curieux « Finger Painting » gavé de sons de guitares et claviers), chaque autre titre contient un texte parlé par Bozzio lui-même, souvent dans un registre assez sombre et parfois, et c'est dommage, un peu surjoué. Le meilleur moment de cet album reste sans doute un « Tornado Alley » délicieusement Hitchcockien.
Très particulier, trop sans doute pour la majorité des auditeurs, « Nine Short Films » reste une œuvre marginale dans la carrière de ces discrets géants du rock, une sorte de Thriller Musical unique. Envoûtant mais à ne pas mettre entre toutes les mains.