Formé l'année précédente à Macon, en Georgie, Doc Holliday vient donc des mêmes contrées que le Allman Brothers Band. Mais si certaines harmonies ne sont pas sans rappeler le travail de ses légendaires compatriotes, le quintet emmené par Bruce Yorkshire préfère les titres efficaces avec le pied au plancher plutôt que les longues jams, ce qui ne l'empêche pas de laisser une place importante aux guitares qui s'en donnent à cœur joie sur de nombreuses plages de ce premier album éponyme.
C'est d'ailleurs sur un "Ain't No Fool" que cet opus s'ouvre et se lance cheveux et tatouages au vent, tel un gros cube roulant sur les routes du Sud. Et il faut dire que la voix de Brookshire passée au papier de verre, et un joli duel guitares – claviers lui donne fière allure. Tout comme l'ensemble de la première partie de cet opus qui balaye un spectre assez large de ce que le meilleur du Southern-Rock peut offrir, se promenant d'un Westcoast au accents Country qui n'est pas sans rappeler les Eagles ("A Good Woman's Hard To Find"), à un Boogie effréné enchaînant les soli de guitares, claviers, et harmonica ("Round And Round"), en passant par un mid-tempo à écouter sur les Highway US ("Magic Midnight"). Le Doc nous assène même 2 hymnes avec un "Moonshine Runner" dont la cavalcade guitaristique finale profite de l'élan donné par le son d'un camion brûlant l'asphalte, et un "Keep On Runnin'" aux accents de "Sweet Home Alabama".
Malheureusement, la suite est un peu moins enthousiasmante, même si "The Way You Do" fait son effet avec son introduction digne d'une ballade débouchant sur un Boogie-Country léger et diablement entraînant et bénéficiant à nouveau d'une belle passe d'arme entre les deux guitaristes. Cependant, un "Never Another Night" qui tourne un peu en rond malgré un riff tranchant et un refrain accrocheur, et un "Somebody Help Me" sans intérêt particulier, font baisser l'intensité que la reprise du "I'm A Rocker" de Chuck Berry réussit à peine à relancer en clôture.
Malgré quelques titres qui font baisser la moyenne, la majorité de ce "Doc Holliday" permet de découvrir un groupe avec un potentiel impressionnant et capable de s'imposer comme une figure incontournable du Southern Rock. Certaines cavalcades guitaristiques mériteraient cependant de se prolonger un peu plus, alors que certains morceaux restent encore un peu trop proches des légendes qui ont fait ce qu'il est de ce courant musical. Doc Holliday gagnerait donc à affirmer un peu plus son identité sur toute la longueur d'un album, car ce qu'il en montre à plusieurs reprises est particulièrement alléchant. Voici quelques défauts qui n'empêcheront pas cet opus d'intégrer le Top 30 du Bilboard. C'est dire ce qui attend le quintet dès qu'il aura gommé ces quelques imperfections.