Après 4 ans de silence, voici atteint le cap du troisième album pour le groupe formé il y a déjà 7 ans par le guitariste virtuose danois Torben Enevoldsen avec la complicité de l'ex-chanteur de Lion's Share, Andy Engberg. La formation a recruté encore une fois un nouveau batteur (le troisième sur 3 albums) en la personne de Thomas Heintzelmann.
Coté" claviers, les rares soli sont cette fois assurés par Lasse Finbråten de Circus Maximus.
"Sacrifice" marque une certaine évolution par rapport aux deux précédents albums, avec un côté plus direct, une démarche plus agressive et moins de complexité. On voit d'ailleurs que la plupart des morceaux n'atteignent pas les 5 minutes. Là où le premier CD contenait quelques pistes à classer dans le metal progressif, ce n'est plus très souvent le cas ici.
C'est donc à du metal classique bien lourd et à l'ambiance souvent dramatique auquel on a affaire, pas si éloigné de ce que Malmsteen a fait sur des albums comme "Alchemy" ou "War to end all wars" (mais ce n'est pas un exemple isolé !). Les deux premiers morceaux semblent tout droit sortis du même moule. On retrouve néanmoins des changements de rythmes inhabituels sur quelques morceaux par la suite mais l'ensemble n'est pas très varié, surtout au niveau du son et des styles…
On oscille ainsi entre rythmes rapides, très rapides, parfois un peu plus lents et hachés. Les riffs rythmiques ne sont pas imaginatifs pour un sou (ceux de "Days of sorrow" et de "Danger" ont déjà été entendus mille fois, par exemple !) et les refrains, quoique mélodiques, ne sont souvent pas assez marquants, sans être mauvais. L'auditeur averti risque de se lasser plus ou moins vite. Heureusement que "Land of the desert sun" démarre avec deux soli de clavier et de guitare fulgurants et contient quelques changements de rythme pour nous réveiller de notre torpeur. "Concealed in lies" qui suit est un autre moment fort de l'album, un premier couplet en forme de ballade, avec une guitare cristalline qui reviendra plus tard, mais entretemps le propos s'alourdit et l'ensemble prend une teinte orientalisante.
Côté production, pas de guerre pour battre des records de lourdeur ou d'agressivité et ce 'est pas un mal. Les guitares rythmiques sont pesantes, soutenues par des sons d'orgue le plus souvent mais la batterie sonne de manière assez naturelle et n'est pas spécialement mixée en avant. Les claviers ont toujours un rôle d'accompagnement et restent relativement audibles malgré des guitares rythmiques assez plombées. La voix de Engberg est toujours aussi virile, juste et bien placée, bien qu'un peu trop éraillée. A noter que les vocaux sont enrichis par des harmonies sur une bonne partie des refrains, mais un peu de reverb supplémentaire ne ferait pas de mal pour aérer le son général. Quant au virtuose de service, ses soli de guitare lumineux ne sont pas envahissants mais au contraire concis et souvent assez mélodiques, alternant entre shredding impressionnant (avec parfois quelques teintes néoclassiques) et des parties très fluides et au son plus clair, qui reflètent une probable influence jazz-rock. Certains amateurs de démonstrations fulgurantes et prolongées resteront donc un peu sur leur faim et regretteront peut-être qu'Enevoldsen ne se lâche pas davantage. Mais c'est tout à son honneur de préférer se concentrer sur les mélodies, surtout que plusieurs morceaux sont quand même bien pourvus en parties solistes (le très rapide "Heroes", par exemple).
En conclusion, « Sacrifice » est un album honnête, pas vraiment transcendant, avec un chanteur correct et un guitariste au dessus de la moyenne… Mais vu la pléthore d'albums de ce genre sortis depuis environ 25 ans, il sera bien difficile de se hisser au dessus du panier.