Anton Roolaart est un artiste américain... Mais uniquement parce qu'il y vit depuis sa jeunesse. En réalité, ses origines européennes (père hollandais et mère belge) semblent plus influentes sur sa musique que sa domiciliation au New-Jersey. Détails importants permettant de mieux cerner le personnage, le premier modèle du jeune Anton (il a aujourd'hui 49 ans) était Steve Howe et, plus tard, il a parcouru l'Europe, principalement la Hollande paternelle et surtout l'Espagne où il participera en 2005 à un album du groupe oldfieldien Jesdat.
Ses origines, ses icônes (Yes, Genesis), ses expériences musicales, pourraient laisser à penser qu'Anton s'orienterait vers le rock progressif, voire néo-progressif ... L'écoute de Dreamer ne fera que confirmer ce diagnostique ! Si le premier titre ("Near or far") débute comme une agréable chanson pop, les deux dernières minutes peuvent rappeller les influences avouées avec des envolées, des solis et des dialogues guitare-clavier très progressifs. "On the afterglow", la plage suivante, enfonce le clou en évoquant vocalement un "Confortably numb" (Pink Floyd) mêlé d'harmonies Genesisiennes dans un premier temps, jusqu'à ce que ce que l'ambiance vire à l'ibérique avec guitare acoustique et castagnettes. Un final avec chœur féminin sur lit de guitare languide conclura avec brio une des plus belles pièces de l'album.
La présence aux claviers de Rave Tesar, qui a joué avec Renaissance et Annie Haslam, n'est sans doute pas étrangère à certaines plages pianistiques ("The spider") somptueuses. A noter également la présence à la batterie de Rich Berends (Mastermind) et de Charles Descarfino (Annie Haslam) qui ne font que renforcer les références au rock progressif. Au petit jeu des ressemblances, on pourrait ajouter des réminiscences de David Bowie dans le chant de "Scary monsters" ou de "Manon" voire une bonne dose de Beatles dans "Color of your world". Anton Roolaart est un chanteur plus que correct, un guitariste bourré de feeling et surtout un auteur et compositeur talentueux. Il a su s'entourer de musiciens de qualité et de plusieurs voix d'appoint pour enrichir les parties vocales, produisant une œuvre intéressante, sans réel point faible, ayant pour seul défaut un rythme un peu trop uniforme.
Si vous avez envie de passer un bon moment musical, je ne peux que vous conseiller d'écouter ce premier opus qui, s'il ne révolutionne pas le genre, offre un savoureux mélange d'ingrédients porgressifs. Anton Roolaart annonçait en 2008 qu'il travaillait sur un second album et on ne peut qu'espérer qu'il sorte bientôt pour confirmer tout le talent qui point dans ce Dreamer.