Melissa Auf Der Maur a ce qu’il faut pour séduire : le physique, les références musicales de son passé (Hole; Smashing Pumpkins) ainsi qu’une certaine proportion a livrer un album d’une manière assez épisodique ("Out Of Our Minds" n’est que le deuxième en 6 ans). A vrai dire la bassiste Québecquoise a ceci de sympathique qu’elle est accessible et sûr de ses propos, sa récente interview parue sur notre site en est l’exemple parfait.
Depuis "Auf Der Maur" paru en 2004, Melissa a muri au niveau de ses compositions et cette dernière offrande apparaît même dans un contexte assez ambitieux puisque la belle nous propose cet album associé à un court métrage et une bande dessinée qui forme un tout.
Trois instrumentaux placés en intro, 4ème et 8ème position parsèment ce disque et créent 4 espaces musicaux distincts. La première partie de l’opus regroupe des titres rock. Le titre éponyme – par la même occasion le plus calibré pop - aligne voix cristalline, refrain puissant et s'avère être une rampe de lancement sulfureuse qu’Isis Speaks conforte dans une veine New Wave assez particulière. Meet Me On The Dark Side reprendra cette formule gagnante quelques plages plus loin.
22 Below (et sa version piano en reprise) associe une lenteur noire qui finit en une explosion que la basse magnifie au plus haut point. Mais le titre surprenant est Father’s Grave, sombre et détonant à la fois dans lequel Glenn Danzig apporte sa voix proche de Chris Isaak dans un duo à la mémoire de son père Nick. Il est clair que les ambiances s’entrechoquent et l’ombre des Smashing Pumpkins est bien présente avec The Key et The One qui lorgnent vers un rock puissant où la basse tisse des lignes solides et vrombissantes permettant aux guitares chargées d’électricité d’étaler leurs besoins de libertés.
La progressivité que Melissa revendique prend alors toute son ampleur avec 1000 Years. S’ouvrant sur un rythme tout en nonchalance, les voix se superposent et se répondent sur une mélodie tourmentée tournant en rond et reprise de maintes manières où chaque instrument (dont la voix) prennent l’ascendant à tour de rôle.
Cet opus attendu avec impatience est donc une belle réussite dans un style rock/pop d’une noirceur certaine mais d’une émotivité sans détour. Pas forcément l’album qui sied à chacun mais logiquement axé vers le plus grand nombre. Pour ma part, j’ai succombé au monde de Melissa Auf Der Maur et j’attends de pied ferme la prochaine livraison pour pouvoir lui offrir une note encore plus élevée.