Vous connaissez sans doute Seventh Wonder, dont le très bon dernier album a déchainé la passion d'un chroniqueur dans nos pages. Bon, Seventh Wonder ça reste un petit groupe. Pas encore de l'underground punk, mais loin des bacs de la Fnac quand même. Et bien imaginez un album dont l'intérêt principal est de présenter des titres chantés par Tommy Karevik de Seventh Wonder, accompagné à la guitare de Stefan Lindholm de Vindictiv (non, moi non plus je ne connais pas). Inutile de dire que les frontières du confidentiel sont largement dépassées. Avant même de savoir si cet album est bon ou pas, il est déjà clair qu'il ne s'adresse qu'à un nombre restreint d'auditeur (ceux qui sont conscients de l'existence des groupes suscités, et ça fait pas lourd).
Conséquence directe sur la musique, le chant est bon. Comme sur "Mercy Falls", Tommy utilise avec fraîcheur une voix certes pas très originale mais agréablement chaude. Seul regret, les corrections informatiques un peu voyantes qui aident notre ami à trouver la note juste. Ce qui n'aurait pu être qu'un détail de production tire malheureusement un peu plus l'album vers le fond en dépersonnalisant une musique déjà assez fade. En effet, Stefan semble être un fan de Malmsteen (ce qui n'est pas un mal en soi) et nous sert donc jusqu'à la nausée une brouette de plans abscons n'ayant pour seul but que d'étaler sa grande virtuosité.
J'avoue pourtant ne pas être totalement allergique aux déballages techniques furieux en tout genre. J'y prends même parfois un certain plaisir. Mais bon là, quand même, faut s'accrocher. D'autant plus que le claviériste n'a pas les doigts empotés non plus et semble bien décidé à prouver qu'il peut pisser plus loin que son pote. Reconnaissons tout de même à ces messieurs qu'ils ne sont pas franchement des chèvres dans leur soli respectifs. Tout est très propre, véloce, et une volonté indéniable de phraser leurs interventions est à mettre à leur crédit, même si le tout est plombé par un manque furieux d'imagination.
Est-il besoin de préciser que le cadre de ces bavardages est tout juste assez solide pour remplir l'espace sonore. Les chansons sont sans structure, sans personnalité. Le chanteur se débat dans un grand vide, essayant de poser de vagues lignes mélodique sur ce qui semble être constamment le même riff, la même rythmique. Les soli sont éructés dans le vide, sans début ni fin, comme un copier/coller hasardeux. Ce n'est donc pas un hasard si les pistes les plus intéressantes sont les deux instrumentales. Au moins la motivation principale du disque est assumée.
Si vous en êtes arrivé à ces lignes et que vous avez lu le reste, alors je ne vous apprends rien en révélant que cet album est d'un banal sans nom et ne présente strictement aucun intérêt, à part peut-être rabattre le caquet du pote de votre petit frère qui trouve que Dave Murray, c'est le guitariste le plus rapide du monde…