Bob Kulick et Brett Chassen, après avoir proposé en 2005 un sympathique hommage à Iron Maiden, décident de jouer avec le feu en s’attaquant à leurs idoles de toujours : The Beatles. Et il faut dire que des albums en hommage aux Beatles, on en trouve à la pelle et pour tous les goûts, mais, une fois de plus, celui-ci parvient avec une certaine classe et un grand respect pour cette Institution Musicale Mondiale, à dépasser d’un cran les meilleurs Tributes. Côté invités, nous retrouvons plus ou moins la même bande que pour Maiden : le gratin du Metal et du Rock Dur, associés bien plus souvent pour le meilleur que pour le pire.
Pas de surenchère ici, ni de coup de folie vaseux. Les douze reprises sont simplement boostées par une prise de son au poil, digne de la technologie actuelle, et de-ci de-là, une pointe de sauce Metal. Pour ce qui est de l’ambiance, les artistes transmettent leur plaisir certain à jouer ces hymnes qui transpirent le Rock comme dans les caves de Hambourg dans les 60’s.
Trois types de chansons composent cet album fort bien équilibré.
Les premiers sont les brûlots Rock des débuts du groupe. "Hey Bulldog", l’opener (titre peu connu des Fab Four), est magnifié par Alice Cooper et Steve Vai pendant que Duff McKagan et Mickey Dee balancent derrière une bonne sauce à l’ancienne. Avec "Back In The USSR", c’est un autre grand fan des Beatles qui s’éclate à la basse et au chant : Lemmy Kilmister qui, accompagné de John 5 et d’Eric Singer, nous sert une version très fidèle mais sulfureuse de ce canon du Rock. Le chant de John Bush se fait plus doux qu’à l’accoutumée sur un "I Feel Fine" agréable, et les trois derniers "Day Tripper" (Tommy Shaw, Doug Aldrich, Marco Mendoza et Donati) , "I Saw Here Standing There" et "Drive My Car" (Winger, Bruce Kulick) font du bien à nos oreilles sans pour autant nous transcender. On trouve sur certains de ces titres des parties de guitare qui ajoutent à leur potentiel Rock sans pour autant gâcher le plaisir des puristes.
Viennent ensuite deux titres assez psychédéliques. L’un d’un genre fumette avec le somptueux "Tomorrow Never Knows" dans lequel excellent Billy Idol et Steve Stevens sur une rythmique au groove énorme. L’autre est "Taxman", d’un genre soutenu et entêtant, où Lukather, Doug Pinnick et Tony Levin tiennent la machine sur les rails tel un implacable métronome.
Les quatre derniers titres sont des compos plus posées, riches et travaillées à l’image de la période studio des Beatles. "Lucy In The Sky…" mené par Geoff Tate et la bande à Dio manque d’un peu d’honnêteté. Par contre "Magical Mystery Tour", pour peu que l’on supporte le jeu de l’imbuvable Yngwie Malmsteen, est superbement métallique et fort bien arrangé. Soto nous emmène en voyage avec force et conviction dans ce qui pourrait se révéler le meilleur moment de l’album. Le "Revolution" de Billy Gibbons, épaulé par Vivian Campbell, Mike Porcaro et deux batteurs touche la perfection. Et pour finir, "Hey Jude", standard parmi les standards se voit malheureusement démonté par le chant version screamer de Tim Owens, une fois de plus dans la démesure. Dommage !
Quoi qu’il en soit, "Butchering The Beatles" est une autre réussite de la Bande à Bob, un album doté d’un Artwork en clin d’œil à la photo la plus thrash du groupe, et qui trouvera une place de choix dans votre CDthèque pour peu que vous soyez fan des originaux.