Enregistré en 2003 pour une émission de radio, cet album acoustique était un peu la surprise de l'année. Retraçant à peu près toutes les périodes de la carrière de Pain Of Salvation, d’"Entropia" à "Remedy Lane" (Excepté OHBTCL), ce "12:5" est constitué de titres retravaillés pour l’occasion. Exercice difficile que de reprendre des morceaux pensés pour l’électrique et les adapter à un style beaucoup moins incisif.
La première particularité vient de la liste des pistes. La plupart de celles-ci ne portent pas leur nom original mais les noms d’emprunt 'Brickwork', suivis d’un numéro. Le but peut sembler à première vue naturel, certains titres étant coupés. Mais au fur et à mesure de l’écoute cette idée paraît tout aussi ludique car le travail réalisé sur les morceaux n’est pas une simple retranscription. Un véritable processus de réécriture a été réalisé pour permettre, soit de ne pas perdre toute l’énergie des pistes rapides et puissantes, soit de faire ressentir différemment certains morceaux. Vous vous amuserez donc à retrouver les titres originaux cachés derrière des morceaux parfois méconnaissables.
Inutile de dire que l’adaptation tout comme le jeu des musiciens ne souffre d’aucun défaut. Le point fort de Pain Of Salvation qu'est le chant a pris encore plus de poids avec ce qui semble être deux ou trois voix alternant ou se mélangeant. Celle de Daniel Gildenlow est évidemment privilégié s’effaçant parfois au profit d’un chant plus rugueux et réalisant des envolées en avant et arrière plan toujours aussi percutantes. Piano et guitares acoustiques aux sons suffisamment variés font jeu égal pour construire et soutenir les mélodies qui apportent toujours autant de plaisir. La batterie est évidemment en retrait mais reste tout de même assez vivante grâce à son jeu de cymbales. Si les ballades n’ont fait que tirer des bénéfices de cette version acoustique, quelques rares passages de certaines parties agressives dans les versions électriques pourront déstabiliser, tout particulièrement lors de la première écoute.
"12:5" est un album tout en nuances et d’une précision impressionnante. Au premier contact, on pourrait penser que les titres ont perdu beaucoup de vitesse ou d’ampleur mais à part quelques rares cas où cette attente – particulièrement les morceaux présents dans "Entropia" - se vérifie, le résultat reste largement au delà de toute espérance. La dernière piste finissant en apothéose par une sorte d’improvisation punchy est la cerise sur le gâteau qui vous poussera à remettre l’album à son début et découvrir d’autres petites fioritures que vous avez ratées lors des écoutes précédentes.