Nonobstant de réelles qualités de composition, True At Heart a néanmoins pu décevoir de part son aspect trop lisse faisant trop la part belle aux ballades et aux chansons calmes. Publié deux ans plus tard, Angels Never Die restaure l’habile mélange entre puissance et émotion qui avait si bien fonctionné avec la seconde échappée en solitaire de la chanteuse. De plus, le visuel illustré représentant la jeune femme, ainsi que la présence en fin de parcours d’un titre écrit en allemand (ce qui deviendra plus tard un moment obligé sur les derniers albums) tendent également un lien avec le récent passé, celui de Force Majeure.
Ce quatrième opus modèle donc son menu sur les deux premiers succès de Doro, le groupe. Groupe ? Il est difficile à l’époque de le considérer comme tel, la belle faisant appel à chaque fois à de nouveaux partenaires, qu’il s’agisse des producteurs ou des musiciens. Angels Never Die ne déroge pas à la règle. Après Gene Simmons et Barry Beckett, Doro s’associe au duo formé par Jack Ponti (avec le lequel elle collaborera également sur Machine II Machine en 1995) et Vic Pepe, tandis qu’elle recrute de nouveaux mercenaires pour l’accompagner, dont le bassiste Nick Douglas, le seul à être encore à ses côtés aujourd’hui !
Ces changements de personnels pourraient nuire à la qualité du projet. Au contraire, Doro semble bien puiser à chaque fois dans ce sang frais, l’inspiration nécessaire. Avec sa collection de brûlots imparables et séduisants, Angels Never Die le démontre. Il s’agit ni plus, ni moins de l’une des plus grandes réussites, artistiques surtout, de Doro. C’est le retour des hymnes comme on les aime : « Eye On You », où sa voix reconnaissable entre mille fait d’entrée des merveilles, « Bad Blood » et ses riffs lourds, « Cryin’ » ou « All I Want ».
Les ballades, quant à elles, balisent toujours le menu sans être par ailleurs trop envahissantes. Du reste, la plupart sont très belles, du sombre « Born To Bleed » au poignant « Enough For You », de « So Alone Together » à « Don’t Go » sans oublier bien entendu « Alles Ist Gut », qui voit donc la blonde recourir à sa langue natale, choix sinon courageux au moins étonnant à une époque où il était encore impensable, surtout pour un groupe populaire, de chanter autrement qu’en anglais. Titre très bon au demeurant bien qu’un peu à part et gorgé de feeling, « Last Day Of My Life » déroule un canevas plus lent, après une entame légèrement bluesy.
Angels Never Die est donc un beau succès pour Doro, confirmé par la publication d'un premier enregistrement live quelques mois plus tard. C’est pourtant aussi peut-être son dernier grand disque avant longtemps. Machine II Machine, en effet, en larguant les amarres vers une musique plus synthétique et expérimentale ouvrira une période moins heureuse sur un plan commercial pour la jeune femme…