Mais qui est donc ce Herr Pévéhel dont on fête le dixième anniversaire ces temps-ci ? Les férus de prog allemand - et de prog tout court - auront sans doute décrypté ce douteux Wortspiel : le quintette allemand RPWL célèbre ses dix ans d’existence avec ce Gentle Art of Music. Dix ans, cinq albums studio d’excellente facture, un live et un DVD, quoi de plus naturel qu’une bonne compilation pour marquer le coup ?
Nous avons ici un peu plus qu’une compilation, tout de même... Si le premier CD reprend chronologiquement des extraits de chaque album studio avec deux titres de chaque et trois pour World Through My Eyes, le second est une relecture acoustique de morceaux plus volontiers intimistes, avec deux titres ne figurant pas sur les précédentes moutures (Watching the World et Cake).
Pas de surprise donc dans la première partie puisque les titres sont bien représentatifs de l’esprit du groupe avec la fameuse “Pink Floyd Touch” qui a longtemps été la marque de fabrique de RPWL. On y retrouve ainsi le chant de Yogi Lang si proche de celui de David Gilmour, les envolées de guitares aériennes et la production soignée. Sont également présentes les teintes indiennes avec les sonorités de sitar, les synthés à la Manfred Mann, etc ...
Pour la seconde partie, RPWL a fait principalement appel au violoniste Tom Norris qui avait déja collaboré avec Kalle Wallner ; un musicien au fameux pedigrée, et qui a travaillé avec des chefs prestigieux comme Barenboim, Chailly, Haitink, Boulez... mais aussi avec des pointures plus rock ou jazz tels Dave Brubeck, John Adams, Deep Purple, Antony and the Johnsons, Seal ou Elvis Costello. L’essentiel du travail a donc été de réécrire les parties de synthé pour les réadapter au violon (Trying to Kiss the Sun, très réussi), mais beaucoup de réajustements ont été réalisés sur certains morceaux, à l’image de World Through My Eyes où les batteries et les sons de sitar ont disparu pour un rendu plus intériorisé mais tout aussi dense. Les réarrangements sont dans leur ensemble bien réussis, tout en ne révolutionnant pas les morceaux.
Comme toujours avec RWPL, le sens de la mélodie rend cette compilation très agréable à suivre. Reste quand même que ce Gentle Art of Music demeure "seulement" un bel objet (format Digibook original avec livret) destiné aux fans, ou bien une excellente présentation du groupe aux rares amateurs de prog qui n’auraient pas pris connaissance de leurs précédentes productions ; c’est de toute façon la limite de l’exercice de la compilation, quand bien même elle est améliorée comme ici !